En 2005, un groupe de chercheurs a proposé à des volontaires un jeu reposant sur la confiance réciproque. Chaque participant doit décider quelle quantité d’argent donner à un partenaire anonyme sachant que cette somme va être multipliée par trois. Le récipiendaire a ensuite la possibilité de redonner plus que la somme reçue en signe de remerciement ou de garder tout pour lui. Tout le monde peut donc y gagner, si la confiance règne. L’objectif de l’expérience est de tester l’effet d’une molécule, l’ocytocine, sur le comportement humain. Une moitié des participants a en effet inhalé cette substance, l’autre n’a respiré qu’un placebo. Les résultats montrent que les premiers donnent davantage d’argent à leur partenaire que les seconds. Peu après cette expérience, d’autres études du même style tendaient à montrer que l’ocytocine peut aussi rendre les gens plus coopératifs, plus généreux et augmenter leur capacité d’empathie. Longtemps considérée seulement comme une hormone liée à la fécondation chez les femmes (elle joue un rôle important lors de l’accouchement et de l’allaitement), l’ocytocine apparut alors aux yeux de nombreux chercheurs comme la molécule du sens moral, augmentant la confiance, l’affection, l’amour et tout ce qui favorise les bonnes relations humaines. D’où l’idée caressée par certains de la distribuer largement…
The Myth of the Moral Brain
The Myth of the Moral Brain. The limits of moral enhancement, Harris Wiseman, MIT Press, 2016, 340 p., 35 €.