Apaiser la souffrance des élèves, de leurs parents et des enseignants grâce à une thérapie courte, basée sur la résolution stratégique des problèmes, telle est l’ambition du Centre de recherche sur l’interaction et la souffrance scolaire (Criss). Centre de thérapie avant tout, il est également un lieu d’études et de sensibilisation sur la « thérapie brève » appliquée à l’éducation. « Depuis que je consulte, je remarque que la moitié des situations concernent des enfants et des adolescents », explique la psychoclinicienne Emmanuelle Piquet, cofondatrice du Criss en 2012. « Je suis également frappée par la recrudescence des souffrances liées à la scolarité. » Diplômée de l’institut Grégory-Bateson en psychothérapie brève et stratégique, elle applique depuis cette méthode en France.
Une résolution stratégique des problèmes
Faites vous-même votre malheur, tel était le titre que le psychologue et philosophe Paul Watzlawick avait donné à l’un de ses ouvrages, paru en 1983, convaincu que nous mettions nous-mêmes en place des réflexes et réactions nous maintenir dans nos problèmes, alors même que nous pensions tout faire pour nous en extirper. C’est devant ce paradoxe qu’est née la « thérapie brève », élaborée depuis les années 1950 par un groupe de chercheurs, parmi lesquels Don Jackson et l’anthropologue et biologiste américain Gregory Bateson, dans le cadre du Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Elle est fondée sur l’étude approfondie des mécanismes psychologiques de la souffrance. Intégrant les avancées récentes des sciences de la communication, et notamment le fonctionnement des interactions, elle place au premier plan l’étude des relations (avec soi-même et avec l’entourage) et rejette les diagnostics susceptibles de culpabiliser les patients et leurs proches.