Un chômeur est traqué par cinq tueurs qui lui tirent dessus dans les rues de la ville. La poursuite est filmée, en direct, pour une émission sponsorisée par une marque de cacao. La violence du programme est revendiquée, mais baigne dans le politiquement correct : un candidat noir a été écarté pour éviter les accusations de racisme… Cette situation n’est qu’une fiction, portée à l’écran dans Le Prix du danger (Yves Boisset, 1982). Lors de sa sortie, les uns crièrent à l’œuvre visionnaire. D’autres la jugeaient tout à fait irréaliste. Deux décennies plus tard, dans le monde entier, pour certaines émissions, on asphyxie des gens, on les plonge dans l’eau bouillante sur fond de rires préenregistrés, on joue à la roulette russe, on dissèque des cadavres… Cette surenchère a-t-elle une limite ? Par exemple, un homme ordinaire serait-il prêt à se transformer en assassin devant une caméra, pour les besoins d’un jeu ?
Pour répondre à cette question radicale, les journalistes Michel Eltchaninoff et Christophe Nick conçoivent un projet aussi audacieux que démesuré. Ils imaginent une fausse émission inspirée de l’expérience de Stanley Milgram. Dans celle-ci, des individus du tout-venant se soumettaient à l’autorité d’un scientifique en blouse blanche au point d’administrer des chocs électriques potentiellement mortels à un cobaye échouant à mémoriser des listes de mots. Pour cette variante réalisée en 2009, 80 volontaires, qui n’ont encore jamais participé à une émission, sont recrutés pour un pseudo-nouveau jeu, « La zone Xtrême ». Encouragé par l’animatrice Tania Young (« Ne vous laissez pas impressionner. Nous assumons toutes les conséquences. ») et un public frétillant (« Châ-ti-ment ! Châ-ti-ment ! »), chaque candidat doit électrocuter un inconnu, invisible mais audible, à chaque erreur commise lors d’une épreuve de mémoire verbale. Le voltage augmente au fil des décharges électriques, tandis que le malheureux manifeste de plus en plus de douleur, puis refuse de répondre, et enfin ne crie même plus, évanoui peut-être, voire mort. Aucun de ses tortionnaires ne sait que sa victime est en réalité un comédien, dont les plaintes ont été enregistrées.