1930 : l'esthétique sociologique
Vers 1930, le regard sociologique sur l'art est centré sur les oeuvres : comment et pourquoi sont-elles produites ? Pourquoi leur esthétique change-t-elle au cours de l'histoire ? Trois réponses sont avancées.
S'inspirant du philosophe György Lukacs (1885-1971), les études marxistes traitent les styles littéraires et picturaux de la Renaissance à nos jours soit comme des reflets, soit comme des instruments dans les rivalités entre classes sociales (Lucien Goldman, Francis Klingender, Frédéric Antal, Arnold Hauser).
Les sociologues et philosophes de l'école de Francfort analysent la dépendance des arts vis-à-vis des déterminants économiques et sociaux, mais y voient aussi un moyen de dépasser les idéologies dominantes et d'échapper à la « culture de masse » moderne (Theodor Adorno, Walter Benjamin, Siegfried Kracauer, Max Horkheimer, Herbert Marcuse).
L'historien Pierre Francastel (1900-1970) mène en France une analyse de l'histoire de la peinture qui assigne à l'art le pouvoir de créer des idées nouvelles et de les diffuser dans la société (Peinture et société, 1951).
Hubert Damisch (Théorie du nuage, 1972) et Jean Duvignaud (Sociologie de l'art, 1967) s'inscrivent dans cette tradition, qui place l'art en position d'agitateur social.