Troubles mentaux : ça fait des histoires...

Au gré des mœurs, des préjugés, des découvertes scientifiques et des enjeux de société, notre vision des troubles mentaux comporte toujours une part de controverse et d’instabilité.

On imagine spontanément que notre regard sur les troubles mentaux s’affine toujours davantage. Certes, nous n’en sommes plus au temps où l’on attribuait facilement la folie à une intervention divine ou diabolique. Mais une perspective historique montre que le progrès de nos connaissances en la matière n’est jamais tout à fait linéaire, et que la définition même de la maladie et de la normalité ne va aucunement de soi. Car parmi les troubles mentaux, il y a…

◊ Ceux qui ont disparu comme ils étaient venus.

L’exemple type est la « grande hystérie ». D’abord terme général pour désigner en vrac les vapeurs, émois et ardeurs des dames de la haute société, l’hystérie devient « grande » au XIXe siècle avec Jean Martin Charcot, père de la neurologie internationalement renommé et ci-devant « Napoléon de la névrose ». Le tout-Paris accourt aux séances publiques où ses patientes de la Salpêtrière se voient secouées de spasmes, paralysées, délirantes, théâtrales, clownesques. J.M. Charcot parvient à engendrer et moduler ces symptômes par hypnose. Du coup, Hippolyte Bernheim et ses confrères de l’école de Nancy soupçonnent l’hystérie de n’être qu’un pur produit de la suggestion. Et en effet, après J.M. Charcot, on n’en verra plus… Si certains symptômes de l’hystérie se retrouvent bien en psychiatrie actuelle sous d’autres noms, la « grande », la spectaculaire, a vécu. Parce qu’il s’agissait bel et bien d’un phénomène accidentel dû à la suggestion de J.M. Charcot, à son insu ? Ou parce que la reconnaissance progressive du droit des femmes au désir et au plaisir en a supprimé une cause possible, à savoir les conséquences de l’insatisfaction sexuelle sur le système nerveux ? Mystère.