Un enfant après 40 ans ?

Le report de l’âge du premier enfant induit un nombre croissant de grossesses dites « tardives » . Est-ce grave, docteur ?

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En 1957, à l’âge de 45 ans, ma grand-mère accouchait d’une petite fille. J’y pensais un demi-siècle plus tard, à 42 ans, à la naissance de ma propre fille. Comment pouvais-je avoir l’impression d’être partie prenante d’un phénomène nouveau – les grossesses tardives comme on les appelle – quand le pourcentage de femmes ayant des enfants après 40 ans reste encore inférieur à son niveau d’après-guerre ? « Au 18e et au 19e siècle, on faisait des enfants tant qu’on pouvait en faire », confirme aussi Éva Beaujouan, qui coordonne le projet « Later fertility in Europe ».

La grande différence entre la génération de ma grand-mère et la mienne, c’est qu’elle accouchait de son dixième enfant, quand j’avais, moi, le premier après 40 ans ! Malgré le baby-boom, le nombre d’enfants par famille commence à baisser dans les années 1950 et la maternité à 40 ans décline alors en conséquence. « Mais lorsque la première génération de femmes ayant retardé leurs maternités a atteint la quarantaine, la fécondité aux âges élevés a connu un retournement », observent E. Beaujouan et Tomás Sobotka 1. Celle-ci commence ainsi à remonter à partir des années 1980 avec le report de l’âge au premier enfant. Tandis que la fécondité des femmes jeunes continue à baisser, les plus de 40 ans deviennent la seule catégorie de la population pour qui la natalité augmente.