Une Histoire de l'attachement

L’attachement, 
un instinct oublié
. Yvane Wiart, 
Albin Michel, 2011, 316 p., 22  €.

John Bowlby (1907-1990) vécut péniblement ses primes années : pourvu d’une mère distante, il reporta son affection sur la bonne d’enfant qui veillait sur lui, en fut privé ensuite et se retrouva en internat. Il en conçut quelques griefs. Devenu, en 1946, psychiatre à la clinique Tavistock de Londres, il développera une théorie qui lui vaudra un grand succès : celle de l’attachement, dont Yvane Wiart expose, dans cette étude, la genèse et le destin. L’attachement, c’est cette idée que, dès la naissance, l’être humain recherche la proximité de personnes qui lui assurent sécurité et protection. Les comportements de ces figures – selon qu’elles sont réceptives ou distantes – ont une influence décisive sur le développement de la person­nalité et l’équilibre futur de l’enfant.

D’abord très lié à la psychanalyse, J. Bowlby s’en éloignera progressivement. Il trouve, en effet, son inspiration dans les enseignements de l’éthologie animale. Les expériences de Harry Harlow sur les jeunes singes lui montrent que l’attachement à une mère ou à un objet de substitution est un besoin chez le primate, au même titre que la nourriture. Celles de Konrad Lorenz sur les canetons révèlent que cette présence répond à un besoin de protection. Mais cet appel à l’animal scelle aussi la dissidence de J. Bowlby d’avec les psychanalystes britanniques. Mélanie Klein lui objecte que les récits de patients sur leur vécu relationnel infantile relèvent du fantasme et non de la réalité. J. Bowlby, qui a étudié de jeunes délinquants séparés de leurs mères dans la petite enfance, insiste sur la sensibilité de l’enfant face à son vécu et à ce qui peut mettre en danger sa relation avec la figure d’attachement. Anna Freud, quant à elle, considère qu’un enfant ne peut souffrir de la séparation d’un proche, ses structures psychiques n’étant pas encore suffisamment élaborées pour vivre un deuil. , J. Bowlby s’attache à démontrer l’importance de l’angoisse de la séparation chez l’enfant en bas âge.