La vie de Bernard est dominée par ses peurs. Bernard, qui est cadre commercial, a peur d’affronter son directeur ; il a peur aussi de ses collaborateurs ; il a peur de se retrouver un jour au chômage. Au collège déjà, il avait peur d’aborder les filles. Ses peurs lui pourrissent la vie : elles lui font honte et entravent la réalisation de ses projets.
Bernard est l’antihéros du livre Le Syndrome du lapin dans la lumière des phares, un manuel rédigé par deux consultants. Tout au long de l’ouvrage, on suit Bernard qui se démène pour trouver ses solutions. D’abord, il va chercher dans sa bibliothèque ce que disaient les penseurs de la peur. Dans un livre de psychologie, il découvre que la peur est universellement partagée car c’est un mécanisme adaptatif. Mais cela ne l’aide pas beaucoup. Dans ses livres de philosophie datant du lycée, il découvre que la peur se distingue du danger réel, et qu’il faut savoir l’observer pour la comprendre et la dompter. C’est déjà un premier pas.
Il découvre ensuite que certaines peurs cachent d’autres émotions : la honte de l’échec et la crainte de l’humiliation. S’il a peur d’aborder une femme qu’il désire, c’est qu’il craint de « perdre la face » en cas de refus. Voilà ce qui le paralyse. Au judo, on apprend à tomber. Peut-être que s’il avait moins peur de la chute, il hésiterait moins à s’exposer ?
Au terme du livre, Bernard est parvenu à se libérer de ses craintes les plus tenaces. Il essaie de sortir de son terrier le lapin terrorisé qui était en lui. Il est allé affronter son patron et a réussi à recadrer son collaborateur. Bref, il va déjà mieux.
Nous connaissons tous la peur. Peur des chiens pour les uns, peur de décrocher le téléphone pour les autres. Ou encore, peur de la maladie, peur du chômage, peur de parler en public, peur de décevoir, peur de déranger, peur de trop s’exposer… Et ces peurs sont invalidantes. Elles nous freinent. Affronter sa peur, c’est souvent la première condition pour changer.
Affronter sa peur, ce n’est pas la supprimer : ce qui n’est ni possible ni sans doute souhaitable. Il faut néanmoins la dompter et ne plus se laisser envahir par elle. Et cela s’apprend.
Partons d’un exemple. Le voisin ou la voisine du dessus est un sans-gène, qui écoute de la musique très fort, n’hésite pas à passer l’aspirateur à toute heure et porte des talons qui raisonnent sur le sol. Mais pour Julien (ce pourrait être aussi Jérémy, Justine, Juliette, etc.), une personne très timide, aller au-devant du voisin, l’aborder pour lui parler est un gros problème. Il a peur. Et à la peur s’ajoute la honte : celle-là même de ne pas oser aller lui parler. La solution ? Elle peut se résumer en trois étapes :
1. Prendre conscience
Tout processus de changement passe par la prise de conscience de ses propres schémas mentaux. Si celui qui a peur de tout (du voisin, de son patron, de ses collègues, des coups de téléphone) examine ses comportements, il verra aisément que c’est bien la peur qui dicte son comportement puisque les personnes sont différentes et la peur toujours là. La plupart des chiens, des voisins, des coups de téléphone sont inoffensifs. Le problème de Julien n’est donc pas le voisin, mais sa peur.
Essayons d’analyser à quoi ressemble la peur et l’angoisse sous-jacente qui l’alimente. Julien est en fait paralysé à l’idée que son voisin réagisse de façon hostile, qu’il le rembarre (et, dans ses pires cauchemars, l’insulte, le bouscule, le gifle). À la crainte de l’agression physique se mêle aussi la peur de l’humiliation et de l’incapacité à réagir. C’est cette situation extrême qui terrorise Julien.