Vers 800. Shankara réforme l'hindouisme

À l’orée du IXe siècle, l’hindouisme est en crise. 
Shankara va réinterpréter les postulats de cette religion.
Conjuguant innovation et tradition, 
il contribuera à lui donner son visage contemporain.

L’Inde une et multiple, l’Inde suspendue à l’éternité… Combien de représentations se sont succédé dans l’imaginaire occidental ? Cette Inde, hors de tout temps, n’a jamais existé : le subcontinent a toujours été le lieu de nombreuses migrations (Aryens, Arabes, Moghols, Européens…). Les premiers fondateurs de l’hindouisme, d’abord appelé védisme, sont venus des bords de la mer Caspienne entre 1 500 et 500 ans avant notre ère. Ils apportaient avec eux un corpus de textes (Veda, Upanishad), les cultes rendus aux dieux et le système hiérarchique sociétal, articulé autour des castes, tel que nous le connaissons. Et l’Inde immobile n’existe pas non plus : le pays, ses croyances, ses traditions ont aussi été l’objet de profonds bouleversements internes. La fondation du bouddhisme par Siddharta Gautama aux VIe-Ve siècles avant notre ère, la diffusion de ce même bouddhisme par Ashoka le montrent.

La rencontre de l’Occident avec les religions et les philosophies de l’Asie est relativement récente. Elle s’est faite par le biais de la traduction des textes fondamentaux. L’héritage des humanités classiques, les effets de la colonisation, la complexité des pensées ont joué dans cette connaissance tardive. Alors que les Occidentaux ont besoin de délimitations, de classements, c’est l’inverse qui est recherché en Asie. Effacer les frontières, les apparentes contradictions, s’unir au Tout-Puissant, parvenir à cet état où tout s’estompe serait la sagesse. L’hindouisme pousse à la délivrance afin de ne pas renaître. À l’opposé des monothéismes qui conduisent l’individu vers une vie après la mort (la résurrection des corps…).

 

Le non-dualisme selon Shankara