Dans le climat français postattentats, la question de la prévention de la violence à l’école se réduit, une fois de plus, à la question de la protection des établissements scolaires, comme si la violence en milieu scolaire était une violence d’intrusion. La question ressurgit à chacun des faits divers qui alimentent la chronique : ne vaudrait-il pas mieux refermer les écoles sur elles-mêmes, y mettre tous les moyens techniques de protection, de la vidéosurveillance aux détecteurs de métaux, voire fouiller les cartables ?
La tentation sécuritaire
La recherche évaluative internationale est à cet égard très claire. En ce qui concerne les détecteurs de métaux, non seulement c’est inefficace, mais cela augmente la violence en raison du ressentiment des élèves qui s’estiment injustement soupçonnés, surtout lorsqu’on ajoute la fouille des cartables. C’est ce que suggère une enquête américaine qui, d’ailleurs, et contrairement à une représentation commune constate également que moins de 1 % des écoles des États-Unis sont équipées de tels appareils. Ces portiques peuvent même être contre-productifs : avec ces dispositifs, une forte affluence à l’entrée et à la sortie provoquerait des files d’attentes et attroupements qui seraient eux-mêmes un facteur d’insécurité.
David K. Farrington, de l’université de Cambridge, l’un des meilleurs spécialistes au monde en matière de vidéosurveillance, nous permet de relativiser, de même, les effets des caméras. Elles sont très efficaces pour faire diminuer la délinquance dans les parkings (– 51 % en moyenne) mais sans efficacité significative pour les autres lieux et surtout en ce qui concerne… la violence. En effet, leur caractère dissuasif suppose un acteur rationnel, pleinement conscient des risques encourus, ce qui n’est pas le cas dans les crises de violence paroxystique et pour les violences impulsives.