Un siècle après le début de la conquête musulmane (632-750), le calife al-Ma’mûn fit construire à Bagdad une « Maison de la sagesse ». Des savants venus de tout l’empire y convergèrent. On fit traduire les textes anciens : Euclide, Aristote, Galien, etc. ; on importa des mathématiques d’Inde et le papier de Chine. Les mathématiques, la médecine, l’astronomie, l’optique connurent des progrès importants. Mais comment concilier ces savoirs profanes avec le texte sacré du Coran ?
Très tôt, un courant rationaliste (le mutazilisme) s’affirma. Ses adeptes savants soutenaient que la raison servait à apporter les réponses aux questions (juridiques, morales, politiques, médicales, etc.) non contenues dans le Coran. L’intelligence devait servir à guider l’action des fidèles. Ce courant rationaliste, soutenu un temps par le calife al-Ma’mûm (qui en fit même une doctrine officielle), fut bientôt rejeté comme une secte minoritaire.
Cela n’a pas empêché le développement d’une « falasifa » (philosophie) regroupant des penseurs épris de sciences et de philosophie. Ainsi al-Kindi (800-866), médecin et juriste, défendait une position (dite « concordiste ») où la raison et la foi étaient des alliées dans la recherche de la vérité ; plus tard al-Farabi (870-950) alla plus loin en revendiquant une totale autonomie de la raison, seule juge de la vérité (qui pouvait donc trancher en dernier ressort entre les différentes interprétations religieuses). Quant à Ibn Sina (980-1037), connu sous le nom d’Avicenne, il poussa plus loin encore les prétentions de la philosophie, qui selon lui était une sagesse supérieure à celle du Coran !