La quatrième révolution industrielle est en cours ! Tel est en tout cas le diagnostic de Klaus Schwab, fondateur du forum de Davos 1. Cette révolution est celle du big data, de l’impression 3D, des objets connectés, des voitures autonomes et des robots, en passe de bouleverser la production, l’emploi et jusqu’à nos modes de vie. Selon K. Schwab, un véritable tsunami technologique est ainsi en train de déferler, marquant la quatrième étape de l’histoire des révolutions industrielles. Une quatrième ? Mais il y a quelques années à peine, Jeremy Rifkin, autre gourou de la prospective, voyait notre époque comme celle de la « troisième révolution industrielle » ! Alors où en sommes-nous ? Combien de révolutions industrielles ont-elles eu lieu : trois ? Quatre ? Et pourquoi pas cinq si on prend en compte certains travaux historiques ?
Il faut avouer que l’on s’y perd quand on cherche à découper l’histoire en tranches. Et à cette incertitude sur la chronologie s’en ajoute une autre, plus déroutante encore : quels sont les ressorts de ces révolutions ? La technologie ? Le marché ? La demande sociale ? Un système global qui combine plusieurs facteurs ?
Tel est le paradoxe des révolutions industrielles, qui sont à la fois les choses les plus évidentes qui soient et en même temps les plus difficiles à expliquer. Malgré la foule des travaux qui lui sont consacrés, la compréhension de la dynamique globale reste une grande énigme.
Essayons tout de même de débroussailler les thèses en présence. Il est d’usage de distinguer trois grandes révolutions industrielles. La première débute symboliquement vers 1770 en Grande-Bretagne avec l’invention de la machine à vapeur par James Watt et la machine à filer par Richard Arkwright, deux innovations majeures (en réalité deux améliorations majeures de techniques existantes). La machine à vapeur donne une impulsion décisive à l’industrie. La transformation de la vapeur d’eau en mouvement mécanique (rotation ou va-et-vient) permet de créer des moteurs qui propulsent des bateaux, font rouler les locomotives et font fonctionner les machines des usines.
Cette première révolution entraîne le développement des usines, de la consommation de masse et de la classe ouvrière naissante. Un siècle plus tard, la Grande-Bretagne (et l’ensemble de l’Europe dans son sillage) est couverte d’un réseau de chemins de fer et d’installations industrielles.
C’est alors que survient, vers 1870, une seconde révolution industrielle portée par deux nouvelles énergies : l’électricité et le pétrole. La « fée électricité » apporte non seulement l’éclairage mais aussi le télégraphe, le téléphone et les machines électriques industrielles, plus tard la radio, le cinéma et les appareils ménagers (réfrigérateur, machine à laver…). Le moteur à explosion crée dans son sillage l’industrie automobile, les camions, les tracteurs. Malgré les crises et les guerres, rien ne vient endiguer ce flot d’innovations.