En 2006, le philosophe David Benatar publie Better Never to Have Been 1, où il défend l’idée que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue et qu’il ne faut donc pas faire d’enfant. Après la publication du livre, un adolescent lui envoie une lettre poignante pour lui raconter qu’il est victime de moqueries permanentes en raison de son physique ingrat et que, atteint d’une maladie cardiaque débilitante, il vit avec la peur au ventre de mourir à tout moment. Accablé par cette existence misérable, l’adolescent déclare qu’il aurait préféré ne pas être né et reproche à ses parents leur désir égoïste d’avoir voulu mettre au monde un enfant 2. Voilà de quoi renforcer la thèse de D. Benatar !
Bien sûr, tout le monde n’est pas dans la situation de cet adolescent. Si certaines personnes sont confrontées à des conditions de vie encore plus difficiles, d’autres, heureusement, bénéficient d’une existence plus enviable. Mais, selon D. Benatar, même dans les situations meilleures, la vie entraîne trop de souffrances pour que l’on continue à procréer. Il y a notamment l’issue fatale, souvent précédée d’une période relativement longue de tourments (parce qu’on est vieux, malade ou blessé). Il y a les violences physiques et psychologiques que l’on peut subir à tout moment. Il y a les maladies plus ou moins graves qui nous affectent tous, un jour ou l’autre. Il y a les phases de dépression qui épargnent peu de gens. Il peut aussi y avoir les affres du handicap. Etc. Or, procréer, c’est imposer à ses enfants qu’ils soient, à des degrés divers, victimes de ces maux et les condamner à mourir.