Des générations sacrifiées ?

De récents travaux montrent que la situation économique des jeunes générations n’est pas plus défavorable que celle de leurs aînées. Toutefois, ces générations se caractérisent aussi par de fortes inégalités.

Générations privilégiées des baby-boomers vs générations sacrifiées de la crise : cette formule est presque devenue un allant de soi, chez les jeunes comme chez les seniors. Du côté des sociologues, ce débat est récurrent depuis une vingtaine d’années. En France, les travaux de Louis Chauvel ont montré que les générations des années 1950 avaient bénéficié d’un revenu et d’un niveau de vie supérieur à celles des années 1970, dénonçant une inégalité générationnelle qui se prolongeait tout au long de la vie.

Dans une étude de l’Insee 1 publiée ce printemps, deux économistes du CNRS démontrent cependant l’inverse. L’étude s’appuie sur les enquêtes « Budget de famille » menées par l’Insee. Elle reconstitue l’évolution des niveaux de vie selon l’âge et selon la génération, en prenant en compte l’ensemble des revenus disponibles : salaires, capitaux, transferts publics et privés, consommation privée. « La consommation moyenne des personnes nées en 1976 a été de 20 % supérieure à celle des personnes nées en 1946. Cela s’explique par la forte augmentation du revenu moyen depuis la Seconde Guerre mondiale. Certes, la croissance est moins forte que pendant les Trente Glorieuses, mais elle n’en reste pas moins presque toujours positive et l’on compte sur les doigts d’une main les années où les revenus ont augmenté moins vite que la population », déclare Hyppolite d’Albis, commentant dans une tribune du Monde les résultats de cette enquête menée avec Ikpidi Badji 2.