Elle bouscule les conventions sociales et religieuses de son milieu et de son époque. Souvent dépeinte comme une ascète nue parcourant la campagne du Cachemire, Lalla est également connue sous les noms de Lalleshwari (ou Lalla Yougeshwari) par les hindous, Lalla Arifa par les musulmans, ou encore Lal Ded (mère Lal). Née en 1320 en Inde dans une famille traditionnelle de brahmanes, c’est une figure majeure et très populaire de la spiritualité du Cachemire. Sa vie et son œuvre poétique inspirent encore aujourd’hui la pensée féministe.
Les récits sur la poétesse dressent un sombre tableau de ses jeunes années : un mariage précoce à 12 ans, un époux mal assorti et une belle-mère cruelle la privant de nourriture incitent très tôt Lalla à quitter son foyer pour se consacrer à sa quête mystique. Elle voyage à travers le Cachemire à la rencontre de guides spirituels s’immergeant dans les traditions mystiques de cette région du nord de l’Inde, à la croisée de l’hindouisme, du bouddhisme et de l’islam. Sa vie, qui se transforme en « croisade pour la vérité 1 » , est consacrée à la diffusion d’un message philosophique de non-dualité, de piété et de recherche intérieure afin de dépasser les « frontières conceptuelles, les divisions et les hiérarchies qui façonnent notre propre conscience 2 ». Pour Lalla, la séparation apparente entre les êtres humains et le monde qui les entoure n'est qu'illusion. Telle la goutte d’eau qui se fond dans l’océan, l’individu peut atteindre la vérité ultime en rejoignant la conscience universelle et ainsi fusionner avec le divin. Adepte du dieu Shiva, Lalla cherche à transcender l’ego à travers une expérience directe par la pratique du yoga.