Comme beaucoup de découvertes, celle de l’EMDR n’est pas exempte de légendes (judicieusement entretenues d’ailleurs !). Quoi qu’il en soit, cette découverte, faite un peu par hasard en 1987 (encadré), a évolué au fil des années vers un protocole de soins de plus en plus sophistiqué. Il repose sur une conception encore en élaboration baptisée modèle de traitement adaptatif de l’information : à l’origine, l’idée que nous possédons tous un système de traitement de l’information, qui nous permet d’intégrer les divers aspects d’une expérience (somatiques, sensoriels, cognitifs, comportementaux et émotionnels). Dans des conditions hautement stressantes, telles que des événements traumatiques, ce système se déséquilibrerait, entravant ainsi l’intégration de l’expérience dans la mémoire autobiographique. Les perceptions initiales seraient alors stockées sous leur forme initiale avec les distorsions provoquées par le niveau élevé de stress.
Un principe actif encore méconnu
Durant une séance d’EMDR, tout se passe comme si le contenu de la mémoire traumatique était, de proche en proche, retraité par le cerveau. Après chacune des phases de stimulation alternées (par mouvements oculaires, tapotements sur les mains ou genoux ou sons alternés gauche/droite), le patient est naturellement amené à évoquer les choses qui lui sont venues en tête durant la phase de stimulation. Il peut ainsi revenir sur des détails de la scène traumatique, des émotions qu’il peut ressentir voire des sensations qu’il peut percevoir au niveau corporel. Le processus thérapeutique oscillera entre des phases de verbalisation et des phases de stimulation. On ne peut alors que constater au cours du traitement combien le contenu de ces associations se transforme en direct pour aboutir à un regard nouveau et plus adapté sur ce qui a causé le psychotraumatisme. Il ne s’agit en rien d’un simple processus de désensibilisation, mais bien d’un traitement en profondeur d’un évènement qui initialement pouvait générer peur et angoisse et qui au terme du processus thérapeutique donne lieu à un regard nouveau, plus adapté et qui désormais semble ne plus provoquer de gêne.