Le télétravail est présenté comme la solution à tous les maux. Objet de toutes les attentions, fantasme des transformations à venir, cette forme d’organisation suppose que le travailleur exerce son activité à distance du collectif et communique via l’utilisation des outils numériques. Elle permettrait de diminuer l’impact écologique des déplacements pendulaires, de réduire les coûts immobiliers pour les entreprises, d’offrir au travailleur une meilleure articulation entre vie personnelle et vie professionnelle, et même de (re)trouver de la motivation au travail ! C’est du moins en ces termes qu’a été présentée l’équation gagnante du télétravail dès le début des années 1980, quand sont apparues les prémices de la télématique. La promesse de changement est de fait colossale : les outils informatiques permettent de se détacher de toute contrainte physique, et potentiellement de travailler partout et n’importe quand. Pourtant le télétravail reste peu développé en France. Même si, en la matière, les chiffres divergent selon que l’on s’attache à une définition restrictive ou extensive du télétravail. En effet, faut-il ne retenir que ceux qui travaillent un ou plusieurs jours par semaine depuis leur domicile, ou faut-il comptabiliser ceux – surtout parmi les cadres – qui apportent régulièrement du travail chez eux le soir ou le week-end ?
En 2016, une étude assure que 16,7 % des salariés français déclarent télétravailler au moins huit heures par mois en 2012 1. Plus récemment, une enquête de Malakoff Médéric, conduite en janvier 2018, conclut à un taux de 25 % de télétravailleurs, mais seulement 6 % de manière contractuelle 2. Il faut rappeler que, ces dernières années, le cadre législatif a assoupli la mise en œuvre du télétravail dans les organisations : il est entré dans le Code du travail en 2012 avec un allègement des contraintes pour l’employeur, et la loi du 29 mars 2018 a encore davantage simplifié les procédures. Depuis cette date, un simple accord entre l’employeur et le salarié permet de mettre en place le télétravail, à condition toutefois que les deux parties soient volontaires. Cet assouplissement va-t-il contribuer à diffuser cette forme d’organisation dans les entreprises ? L’envie paraît forte du côté des salariés : d’après un sondage récent, 64 % des personnes interrogées souhaiteraient télétravailler 3. Mais plusieurs études expliquent la lenteur de son développement par une culture managériale « à la française » réputée frileuse au changement 4.