Alertes infos, fils d’actualité sur les réseaux, suggestions de contenus, articles partagés… Sur Internet, nous sommes de plus en plus noyés dans une masse d’informations issues de sources plus ou moins crédibles. Pour s’y retrouver, nous avons tendance à utiliser des raccourcis ou heuristiques qui nous facilitent la lecture et nous aident à faire le tri entre vrai et faux, entre important et superflu. Mais ces raccourcis, aussi appelés « biais cognitifs », nous induisent parfois en erreur.
Surconfiance en nos connaissances
Lorsque nous prenons pour argent comptant des informations provenant de sources douteuses, nous nous appuyons sur nos intuitions, ce que le cognitiviste Daniel Kahneman a appelé le système 1. Le système 2, quant à lui, s’attache à analyser les contenus selon leurs logiques. Si le système 1 fonctionne de manière automatique et rapide, le système 2 demande davantage de temps et d’efforts cognitifs pour traiter l’information 1.
Tout en nous fiant à nos premières intuitions, il nous arrive aussi de nous sentir très compétents sur un sujet que nous connaissons pourtant peu. C’est ce qu’on appelle l’« effet Dunning-Kruger », selon deux psychologues américains qui ont évalué le niveau de confiance en ses idées en fonction de l’état de ses connaissances. Selon leur théorie, cette courbe atteint rapidement un premier pic dit « illusoire » lorsque nous pensons avoir tout compris d’un sujet que nous venons de découvrir. Nous pensons alors être tout aussi compétents que des scientifiques experts de la question. C’est seulement en découvrant la complexité du sujet que nous perdons en confiance, alors que paradoxalement notre niveau de connaissances augmente. « Nous surestimons en permanence notre capacité à comprendre le fonctionnement du monde, l’important est d’en avoir conscience et de ne pas nous arrêter au pic de confiance chaque fois que nous découvrons une nouvelle discipline », écrit le neuropsychologue Albert Moukheiber dans Votre cerveau vous joue des tours (Allary, 2019).