Fanny Nusbaum « Écoutez votre inconscient cognitif ! »

L’intelligence ne se réduit pas au QI. Encore faut-il se montrer capable de révéler ses capacités – intellectuelles, sportives, ou politiques – et savoir faire confiance à son intuition.

1647005151_facebook-shared-image.jpeg

Après le très plébiscité Les Philo-cognitifs. Ils n’aiment que penser et penser autrement, la psychologue et chercheuse Fanny Nusbaum dévoile dans Le Secret des performants (2021) sa vision de l’intelligence. À l’origine de ce projet, une enquête auprès d’une quinzaine de personnalités, avocats, chefs d’entreprise, pilotes de ligne, artistes, sportifs, journalistes, etc., ayant tous réussi des choses extraordinaires dans leur domaine de prédilection. La chercheuse observe chez eux un état d’esprit et des habitudes particulières susceptibles d’expliquer ces exploits. En effet, pour F. Nusbaum, il existe une forme d’intelligence en actes qui ne se mesure pas à l’aide d’échelles psychométriques, mais davantage à travers des indicateurs comportementaux et des interactions avec son environnement. Il est vrai qu’on peut avoir un très haut potentiel intellectuel, tout en se montrant parfaitement stupide dans certains moments de sa vie. En réalisant une étude d’imagerie cérébrale, la chercheuse a pu confirmer son hypothèse d’un fonctionnement cérébral singulier chez les individus les plus performants.

Comment définissez-vous l’intelligence ?

Pendant des années, j’ai pensé, comme mes pairs, que l’intelligence était le « haut potentiel » ou la capacité à raisonner, que j’ai appelée la philocognition. Les philo-cognitifs sont ces personnes qui ont besoin de tout passer par le filtre de la pensée. J’en ai distingué deux types de profils : les laminaires et les complexes. Les premiers présentent en général des capacités homogènes dans toutes les sphères du raisonnement. Leur comportement est plutôt prédictible, et ils sont facilement reconnus par les autres. Les complexes, quant à eux, sont plus irréguliers dans leur manière d’être au monde. Ils ont une pensée plus inégale ponctuée de fulgurances. Ils sont plus créatifs et singuliers que les laminaires.

publicité

Sauf que, laminaire ou complexe, je me suis longtemps interrogée sur l’intelligence réelle des philo-cognitifs : comment quelqu’un qui raisonne aussi bien peut-il se retrouver par moments complètement empoté avec sa pensée et incapable de produire un raisonnement digne de ce nom ? C’est arrivé à tous les philo-cognitifs d’être en état de montrer le meilleur de leur raisonnement et à d’autres moments pas du tout. La même chose arrive aux sportifs qui tout à coup ne sentent plus leurs gestes ou aux personnes très empathiques qui peuvent parfois ne pas comprendre l’autre, voire le blesser. On peut avoir une capacité hors du commun, mais ne pas être en mesure de l’exprimer à certains moments. J’ai donc émis l’hypothèse qu’on avait confondu capacité et intelligence. L’intelligence n’est pas une capacité. Il s’agit davantage d’un état qui dépend du rapport que nous entretenons avec l’écosystème dans lequel nous nous trouvons. Lorsqu’on est en état d’intelligence, on va pouvoir révéler ses capacités, qu’elles soient cognitives, athlétiques, relationnelles, artistiques, ou autres au monde. On va pouvoir impressionner son entourage. Dans le cas contraire, la même personne peut complètement s’effacer, et même paraître bête aux yeux des autres.