Faut-il marchander avec les enfants ?

Comment négocier l’heure du coucher ou le devoir de maths ? Le coup de 
la « carotte » n’est pas un idéal : mieux vaut s’inspirer de techniques de manipulation.

Dur, dur d’être parent ! Selon une enquête Ipsos de 2011, pour 75 % des Français, élever un enfant est un exercice difficile. Et si quelques timides ateliers de parentalité commencent à voir le jour en France depuis une poignée d’années, il n’existe pas à proprement parler de formation sérieuse pour apprendre à être parent. Alors que la fonction semble devenir de plus en plus complexe, les parents de plus en plus soucieux et de moins en moins disponibles. Soumis à de nombreuses pressions sociales et médiatiques et à des injonctions souvent paradoxales, pour démêler ce qu’il convient de faire de ce qui est à proscrire, ils ne savent plus très bien où donner de la tête, ni comment actualiser leurs potentialités éducatives et développer leurs compétences. Le mythe de la famille idéale et du parent irréprochable frappe dur. Toujours selon la même enquête, près de sept parents sur dix pensent manquer d’autorité. Celle-ci est d’ailleurs, dans la plupart des esprits, confondue avec l’autoritarisme ou la violence.

Laxisme, indifférence ou gant de fer ?

Faut-il être un « ami » pour son enfant ou un dictateur ? Comment doser la sévérité et la tolérance ? Comment manier la carotte et administrer le bâton ? Le balancier oscille entre ces deux méthodes traditionnelles, la culpabilité en plus pour les parents qui échouent. On notera au passage que la méthode éducative ad hoc, c’est celle que l’on utilise ou que l’on a expérimentée soi-même, celle des autres laissant généralement à désirer…

Le chantage et le marchandage avec les enfants ont mauvaise presse, pourtant, ils sont très utilisés par les parents, souvent à leur corps défendant, parce qu’ils sont, à court terme, relativement efficaces. « Tu termines tes devoirs, ensuite tu pourras jouer sur ta console », « Tu auras une guitare si ta moyenne augmente au deuxième trimestre », « Si tu continues d’envoyer des SMS au cours des repas, je confisque ton téléphone portable », « Si tu fais des caprices au supermarché, tu n’auras pas de glace »… Toutefois, lorsqu’elles deviennent systématiques, ces pratiques entraînent des effets secondaires négatifs et des phénomènes d’escalade difficilement maîtrisables. Tout devient rapidement l’objet d’un marchandage, y compris ce qui, d’un point de vue éducatif, ne devrait pas l’être : la fréquentation de l’école, les apprentissages, la politesse, la sécurité, l’hygiène de l’enfant… Par ailleurs, les changements obtenus en utilisant le chantage ou le marchandage restent ponctuels. Ils ne s’inscrivent pas dans une démarche d’apprentissage de l’autonomie pour l’enfant, pas plus qu’ils ne lui permettent d’accéder à la responsabilité, c’est-à-dire, étymologiquement, à la capacité de trouver lui-même des réponses à ses problèmes. Du reste, l’enfant se sent moins engagé par ses comportements lorsque ceux-ci font l’objet d’une tractation. Surtout si l’avantage promis présente un coût important. C’est l’intérêt qui prime et non plus le choix éclairé, réfléchi de l’enfant.