Filles-garçons, des univers séparés

Compétition, action, baston pour les uns, culture des sentiments et de l’image de soi pour les filles… Jusqu’aux années lycée, le sexe s’avère 
plus discriminant que l’origine sociale dans le choix des activités.

Vêtements en tout genre dispersés ça et là, cahiers et livres de classe ouverts sur le bureau ou le lit voisinant avec le lecteur MP3 et les boîtes (vides) de CD, étagères remplies d’objets hétéroclites – échantillons de parfum, doudous de l’enfance, souvenirs offerts par les amis ou la famille, coffrets de maquillages ou minibouteilles de vernis à ongles destinés aux préadolescentes ou prélevées (taxées diraient-elles) dans la salle de bains de maman… Bienvenue dans l’antre de Juliette (12 ans). Enfin, bienvenue est peut-être un grand mot, tant l’univers de la chambre est devenu le domaine privé des jeunes. « Une maison dans la maison », selon l’expression du sociologue Hervé Glévarec, fin observateur de la « culture de la chambre » des adolescents, où les adultes ne se sentent pas forcément à l’aise… sachant que tout commentaire sur « un léger désordre dans lequel il semble difficile de se retrouver » risque d’être perçu comme une remarque complètement déplacée et le témoignage de préoccupations d’un autre âge !

 

Filles : une maturité plus précoce

Chez Juliette, comme chez bien d’autres fillettes, ne pas chercher non plus une bouffée d’air en fixant les murs peints ou tapissés avec amour par les parents qui lui avaient aménagé sa chambre : ils sont aujourd’hui couverts de posters d’animaux (datant d’une enfance dont elle est à peine sortie), de dessins et de cartes postales des copines, mais aussi et surtout de posters de Jenifer, Lorie et autres Britney Spears… Juliette a aujourd’hui 17 ans. Au fil des années, les témoignages les plus enfantins ont été remplacés par des photos de chanteurs et de chanteuses correspondant à l’évolution de ses goûts, d’acteurs et d’actrices de films découpées dans la pléthore de magazines destinés aux ados, puis se sont faits de moins en moins nombreux.

C’est une tout autre atmosphère qui règne dans la chambre d’Armand. Hétéroclite certes ! Ce ne sont plus dans les ballerines ou les colliers que l’on se prend les pieds, mais dans les baskets, la planche de skate, voire quelques canettes vides de Coca Cola ou de Fanta… Sur les étagères, les coupes gagnées avec le club de foot, les médailles obtenues lors de diverses compétitions voisinent avec des maquettes d’avion ou des voitures miniatures… Ce n’est que vers 14 ans qu’Armand a commencé à afficher des photos de ses sportifs favoris puis de ses musiciens préférés (groupes de rap, puis de punk rock ou de heavy metal)…

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Les garçons commencent à accrocher leurs idoles au moment où les filles commencent à les décrocher. Ce décalage temporel entre filles et garçons est pointé sur de multiples domaines dans l’enquête L’Enfance des loisirs. D’une manière générale, les filles s’inscrivent dans les loisirs et les sorties de l’adolescence plus tôt que les garçons. Elles vont plus jeunes assister à des concerts, elles sont plus nombreuses à écouter la radio dès 11 ans, et toujours à 17 ans où 85 % des filles l’écoutent tous les jours contre 78 % des garçons.

• Catherine Monnot, Andy Arméo et Julie Delalande (dir.), , Presses universitaires de Rennes, 2011. • Sarah Baker, , vol. XL, 2010/1. • Dominique Pasquier, , vol. XL, 2010/1. • Pascal Lardellier, Véronique Bedin (coord.), , éd. Sciences Humaines, 2009. • Céline Metton-Gayon, L’Harmattan, 2009. Dominique Pasquier, MSH, 2000.