Gérer les conflits ailleurs

Paix et sécurité. Une anthologie décentrée, Delphine Allès, Sonia Le Gouriellec et Mélissa Levaillant (dir.), CNRS éd., 330 p., 25 €.

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Le « tournant global » : c’est ainsi qu’on nomme l’irruption dans les sciences sociales nées en Europe et en Amérique du Nord de la prise en compte d’expériences et de savoirs issus de contextes non occidentaux. Depuis deux décennies, les relations internationales ont pour partie négocié ce virage. En témoigne cette anthologie qui fait la part belle aux façons dont des communautés et des États ont pu gérer la diplomatie, la pacification, le maintien de la paix ou les conflits avant que tous ces problèmes soient théorisés en Europe, à partir notamment des traités de Westphalie mettant un terme à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Généralement, les spécialistes des relations internationales se limitent à n’examiner que ce qui se joue entre États-nations souverains, s’efforçant de gérer des rapports de puissance quantitatifs et qualitatifs dans un contexte de rivalité anarchique, c’est-à-dire où ne se dégage pas de leader absolu, où les rapports de force sont toujours susceptibles de basculer, et où ils ne sont motivés que par la rationalité des acteurs. Mais comment peut-on parler de relations internationales quand l’État-nation n’existe pas, quand les relations entre royaumes ou communautés ne sont pas régies uniquement par des considérations de puissance ?