Herbert Spencer - Évolution et société

Penseur d’une théorie générale de l’univers, 
le philosophe anglais voyait les sociétés évoluer nécessairement vers une adaptation parfaite de l’homme à ses conditions d’existence.

Il est difficile de se représenter l’influence prodigieuse de la philosophie d’Herbert Spencer, non seulement dans son propre pays, mais en Europe, aux États-Unis, et même jusqu’au Japon. Spencer offrait une théorie générale de l’univers, du cosmos à la morale, l’éducation, la société, un corps de lois scientifiques unifiées, dont l’évolution constituait la règle. Cette philosophie était résolument optimiste et en harmonie avec le développement de la révolution industrielle, imaginant même, en ses débuts, une approche continue de l’homme vers la perfection. D’origine modeste, il fut fortement marqué par un individualisme radical, qui le poussa, dès ses débuts, à rejeter pratiquement toute intervention de l’État dans la vie sociale. Son premier ouvrage, Social Statics (non traduit en français) expose une morale utilitariste inspirée de Jeremy Bentham : les sentiments de sympathie sont utiles et compensent l’individualisme, il n’est donc pas nécessaire d’organiser la solidarité. Il écrivit dès ce moment plusieurs essais, dont un article sur l’évolution, terme qu’il utilisa pour la première fois, avant Charles Darwin, dans son sens moderne. Sa définition la plus célèbre de l’évolution se formule ainsi, dans ses Premiers Principes, en 1861 : « L’évolution est une intégration de matière accompagnée d’une dissipation de mouvement pendant laquelle la matière passe d’une homogénéité indéfinie, incohérente, à une hétérogénéité définie, cohérente et pendant laquelle le mouvement retenu subit une transformation parallèle. »