L'escorting entre domination, service et affection

Qu’est-ce qui pousse des hommes et des femmes à proposer des services d’escorting (services sexuels et accompagnement) sur Internet ? La sociologue Sylvie Bigot a enquêté auprès de ces escorts et de leurs clients. Selon elle, on peut repérer à travers leurs récits trois grandes conceptions de cette activité.


◊ L’escorting comme forme de domination. On trouve ici des escorts femmes. Ayant commencé cette activité par obligation financière, elles la jugent « dégradante et salissante ». Cherchant avant tout à se préserver, elles limitent leur implication personnelle et, peu confiantes en elles, intériorisent l’idée que le client, ayant payé, a tous les droits (« tu as l’impression qu’on te considère vraiment comme un objet », témoigne Léa, 25 ans). Elles laissent leur corps être instrumentalisé.

Cependant, d’autres escort-girls ayant « librement » choisi leur activité disent que ce sont elles qui exercent une domination sur le client. Car elles le font payer, fixent les conditions de la rencontre et refusent éventuellement d’accéder à sa demande. Celles-ci ont souvent vécu des formes brutales de domination masculine (violences conjugales par exemple) et la prostitution est l’occasion « de faire payer les hommes, au sens propre comme au figuré ».