L'hypnose thérapeutique

Pendant deux siècles, l’hypnose a été pratiquée en se heurtant continuellement au scepticisme des cercles scientifiques. Aujourd’hui, l’hypnose thérapeutique acquiert pourtant droit de cité.

L’histoire de l’hypnose appartient à ces longues controverses où les différentes manifestations du phénomène contesté sont attribuées soit à des délires, soit à des simulations. Même parmi ceux qui prennent l’hypnose au sérieux, les interprétations varient du tout au tout et se focalisent entre deux pôles opposés : l’hypnose serait un état cérébral particulier, autre que le sommeil ou la veille, ou bien serait un simple mode de fonctionnement du cerveau dans son état de veille normal.

 

L’hypnose et l’hôpital

Sur le plan psychothérapeutique, l’hypnose a été bannie par Sigmund Freud qui la jugeait trop dangereuse et difficile à contrôler. En France, Léon Chertok fut l’un des rares psychanalystes à oser la pratiquer et l’étudier dans son Laboratoire d’hypnose expérimentale, créé en 1971. Tout en pratiquant l’hypnose thérapeutique, il tenta, comme beaucoup d’autres praticiens, de quantifier certains de ses effets, notamment en ce qui concerne la perception de la douleur. Mais de telles études se heurtaient toujours à la nature subjective des résultats : sans mesure objective, pas de science digne de ce nom…

Malgré ce manque cruel de caution scientifique, les résultats pratiques semblaient probants. Une petite frange du corps médical utilisait donc l’hypnose comme technique analgésique, sans le revendiquer trop fort. Or en avril 2000, le journal The Lancet a publié les résultats d’une étude menée à Boston sur 241 patients volontaires : elle décrivait les effets positifs de l’hypnose sur le seuil de la douleur, le niveau d’anxiété, la consommation de médicaments, la fréquence des complications, la durée des interventions, ainsi que sur le plan économique.

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Aujourd’hui l’hypnose est largement utilisée dans le traitement de la douleur chronique. De nombreux centres de traitement de la douleur, au moins un dans chaque grande ville en France, travaillent avec des hypnothérapeutes. À l’hôpital Ambroise-Paré, des milliers de patients ont été traités par l’hypnose depuis quinze ans : cette prise en charge est vue comme un complément à l’approche pharmacologique classique. Le docteur Didier Bouhassira, directeur du centre, souligne d’ailleurs : « Il ne s’agit pas de guérisons miraculeuses (gare aux faux espoirs) mais de réduction de l’inconfort et des doses médicamenteuses. C’est un outil dans l’arsenal antidouleur, qui nous rend de grands services au quotidien, pourvu qu’on l’utilise à bon escient et au bon moment. » L’hypnose réduit la douleur ressentie par les patients de plus de 50 % en quatre semaines. La relaxation produit un effet moindre (30 %), et il lui faut huit semaines pour l’obtenir. Les deux thérapies permettent de réduire les doses de médicaments par rapport aux sujets non hypnotisés. Ces résultats suggèrent que l’hypnose ne peut être ramenée à un effet placebo, ni à une simple relaxation.

• Institut français d’hypnose. • Institut français d’hypnose ericksonienne. • Groupement pour l’étude et les applications médicales de l’hypnose. • Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves.