Au moins 40 % de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises : c’est l’un des objectifs fixés par le gouvernement à travers la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, adoptée en juillet dernier. « Est-ce de la discrimination positive ? Oui, et je l’assume ! », tranchait Najat Vallaud-Belkacem 1, qui portait le projet en tant que ministre aux Droits des femmes. Or, deux tiers des Français sont contre, selon le dernier sondage en date 2. Politiquement, les partisans d’un « universalisme républicain » dénoncent un outil contre-productif et même… « inégalitaire » ! Il instaurerait un régime préférentiel pour une partie de la population.
« Un problème de catégories »
Pourtant, la loi semble s’inscrire dans cette tradition républicaine. Il y est question de « mixité », concept qui bénéficie à tout le monde et non à un genre en particulier. Les termes ont été soigneusement choisis pour ne pas rompre avec la rhétorique universaliste. Les fameux 40 % de sièges au sein des conseils d’administration sont réservés aux « personnes de chaque sexe » (article 63). Comme le constataient déjà les sociologues Laure Bereni et Éléonore Lépinard, lorsque des quotas de candidates ont été imposés aux élections, « le coup de force argumentatif des partisans de la parité a consisté à ancrer leur revendication (…) dans le cadre même de l’universalisme républicain, en la présentant comme la conséquence logique de la singulière universalité qui est celle de la différence des sexes 3 ».