Dans l'oeuvre gigantesque de celui que l'on considère souvent comme l'un des plus grands psychologues du xxe siècle, La Naissance de l'intelligence chez l'enfant est, à coup sûr, l'un des livres les plus importants. C'est d'ailleurs lui qui lui apporta la notoriété. C'est là, en effet, qu'il met au point sa théorie « constructiviste », tordant le cou aux deux autres théories dominantes de l'époque : la psychologie de la forme (Gelstat), qui pour lui fait la part trop belle à l'inné, et le behaviorisme, qui part du principe que les connaissances s'inscrivent dans le cerveau comme dans une « cire molle ».
A partir de l'observation de ses trois enfants (Laurent, Lucienne et Jacqueline), qu'il scrute jour après jour pendant les deux premières années de leur vie, Jean Piaget découvre que l'enfant construit ses connaissances par ses propres actions (trouver le mamelon du sein, sucer son pouce, prendre un objet ou le lâcher...). Biologiste de formation, il conçoit l'intelligence comme une fonction qui permet à l'être humain de s'adapter à son environnement. Cette adaptation se fait selon deux processus fondamentaux, l'assimilation et l'accommodation : l'enfant assimile les données du monde qui l'entoure, mais doit, pour ce faire, accommoder ses structures mentales, c'est-à-dire les modifier (et par là même les développer) afin de se réajuster en permanence à son environnement.