Judith Butler - La théorie queer
Judith Butler, philosophe et professeure à l’université de Berkeley née en 1956, affirme que les identités de femme et d’homme n’existent qu’à travers la manière dont chacun les incarne. Elle considère que le genre est un énoncé, un discours. Il est performatif : il influence davantage nos comportements que les différences biologiques. Ainsi en va-t-il lorsqu’on annonce lors de la naissance d’un enfant : « C’est une fille » ou « C’est un garçon ». Selon elle, chacun peut subvertir les normes de genre par le discours et la manière dont il s’approprie son corps. La philosophe s’appuie souvent sur l’exemple des trans, ce qui lui vaut d’être considérée comme une des inspiratrices de la théorie queer. Elle développe ces idées au cours des années 1990 dans de trois ouvrages : Gender Trouble (1990), Bodies That Matter (1993) et Le Pouvoir des mots (1997).
Marquée par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, J. Butler a ensuite orienté ses réflexions vers la violence et ses effets sur nos vies quotidiennes. Dans Vie précaire publié, en anglais en 2004, puis dans Ce qui fait une vie. Essai sur la violence, la guerre, le deuil (2009), elle estime que tout individu est désormais susceptible d’être confronté à des formes de violence qu’elles soient de nature terroriste ou qu’elles résultent de discriminations de genre, de classe, de race ou autre. Comment réagir ?
À l’en croire, on ne peut s’en remettre aveuglément à l’État et aux institutions. Chacun doit conserver un esprit critique à leur égard, tout en reconnaissant leur légitimité. C’est à ce prix que peut advenir la démocratie radicale à laquelle elle aspire. Contre le repli identitaire ou communautaire, elle encourage les regroupements et les manifestations publiques non violentes. Se réunir permet de communier, de faire corps, d’exprimer sur la place publique les difficultés rencontrées, explique-t-elle dans Rassemblements (2016). Les rassemblements publics suite aux attentats terroristes aux États-Unis, en France ou encore en Égypte rendent visibles les victimes dont des droits fondamentaux comme la liberté sont menacés.