La saga du capital

Capital et idéologie, Claire Alet et Benjamin Adam, d’après Thomas Piketty, Seuil, 2022, 176 p., 22,90 €

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Sorti en 2019, l’ouvrage éponyme de l’économiste Thomas Piketty a connu un immense succès, mais reste difficile à appréhender pour les néophytes. L’idée géniale de cette adaptation en bande dessinée – outre un format ludique et bourré d’humour – est d’illustrer la thèse de T. Piketty en mettant en scène l’histoire d’une famille plutôt aisée sur plusieurs générations, de la Révolution française jusqu’à nos jours. Chaque chapitre s’attarde sur un ou plusieurs protagonistes, en commençant par rappeler sa position dans l’arbre généalogique. Le récit montre comment, malgré l’abolition des privilèges en 1793, cette famille d’origine noble a pu préserver ses richesses et prospérer au sein de la haute bourgeoisie. Les propriétés arrachées par la Révolution aux aïeux, Pierre et Jean-Baptiste, sont aussitôt récupérées sous le régime du Directoire (1795-1799) ; parallèlement, la fille de Pierre, Germaine, et sa cousine Elinor, perdent les bénéfices de plantations et d’esclaves à Saint-Domingue, mais reçoivent d’importantes compensations financières, arrachées par la force au futur État d’Haïti. À chaque génération, des forces politiques conservatrices aident cette famille à contrebalancer toute réforme sociale, du moins jusqu’à aujourd’hui. Au 21e siècle, la dernière née de la famille, Léa, remet en question son héritage et son histoire familiale.