Entrez dans un laboratoire ! Que voyez-vous ? Des hommes et des femmes prenant des notes, discutant, manipulant des matériaux et des instruments de mesure, discutant à nouveau, reprenant des notes, retournant aux appareils, etc. Sont-ils en train d’analyser des faits ? Non, répondirent en 1979, Bruno Latour et Steve Woolgar, dans un livre provocateur : La Vie de laboratoire. La production des faits scientifiques. Le « fait » dit scientifique n’est pas premier : il est une construction sociale, précisaient les auteurs. Au début, il y a des ébauches d’énoncés, puis ceux-ci sont élaborés, transformés, acceptés, rejetés, modifiés, de nouveau rejetés, etc., et tout cela pour des raisons circonstancielles. Enfin, arrive un moment où un énoncé se stabilise : il devient un résultat incontesté. Voilà le fait scientifique ! L’énoncé étant accepté par tous, il donne l’impression de traduire une réalité préexistante à son élaboration.
Autre approche célèbre. Toujours dans les années 1970, David Bloor s’en prend à l’idée que pour rendre compte de l’histoire des théories rejetées, il faudrait en analyser les causes psychologiques, sociales ou culturelles, mais que ce ne serait pas le cas pour les théories désormais acceptées sous prétexte que leur vérité serait ce qui explique leur succès. Pour D. Bloor, il faut au contraire expliquer de la même manière les théories « vraies » et les théories « fausses ». Ce qui le conduit à essayer de montrer que le contexte psychologique, social et culturel détermine autant le contenu des théories scientifiques que leur succès ou leur échec. Comme pour B. Latour et S. Woolgar, la tonalité de cette approche est incontestablement relativiste.
Cependant, il ne faudrait pas sous-estimer la dimension rhétorique de ces prises de position. Il semble que ces sociologues aient exagéré l’enracinement social de la connaissance scientifique dans une volonté de mettre un terme à une vision idéalisée de la science. Par exemple, D. Bloor – qui incarne la vision la plus relativiste de la science – a écrit qu’aucune « sociologie cohérente ne s’aviserait de présenter nos connaissances actuelles comme une fantaisie déconnectée de notre expérience et du monde qui nous entoure » (Knowledge and Social Imagery, 1976). Quand il écrivait que la science est une construction sociale, il ne fallait donc pas lire qu’elle n’est qu’une construction sociale. Comme quoi, il y aurait toute une sociologie à faire des débats entre sociologues dits relativistes et défenseurs de la science.
Autre approche célèbre. Toujours dans les années 1970, David Bloor s’en prend à l’idée que pour rendre compte de l’histoire des théories rejetées, il faudrait en analyser les causes psychologiques, sociales ou culturelles, mais que ce ne serait pas le cas pour les théories désormais acceptées sous prétexte que leur vérité serait ce qui explique leur succès. Pour D. Bloor, il faut au contraire expliquer de la même manière les théories « vraies » et les théories « fausses ». Ce qui le conduit à essayer de montrer que le contexte psychologique, social et culturel détermine autant le contenu des théories scientifiques que leur succès ou leur échec. Comme pour B. Latour et S. Woolgar, la tonalité de cette approche est incontestablement relativiste.
Cependant, il ne faudrait pas sous-estimer la dimension rhétorique de ces prises de position. Il semble que ces sociologues aient exagéré l’enracinement social de la connaissance scientifique dans une volonté de mettre un terme à une vision idéalisée de la science. Par exemple, D. Bloor – qui incarne la vision la plus relativiste de la science – a écrit qu’aucune « sociologie cohérente ne s’aviserait de présenter nos connaissances actuelles comme une fantaisie déconnectée de notre expérience et du monde qui nous entoure » (Knowledge and Social Imagery, 1976). Quand il écrivait que la science est une construction sociale, il ne fallait donc pas lire qu’elle n’est qu’une construction sociale. Comme quoi, il y aurait toute une sociologie à faire des débats entre sociologues dits relativistes et défenseurs de la science.