Chaque année, comme une ritournelle de printemps, la Fête des mères revient dans les médias. Pour certains, elle aurait été créée par le maréchal Pétain au firmament de la Révolution nationale. Pour d’autres, elle serait l’emblème de l’assignation de la femme au seul rôle de mère. Pour beaucoup, au-delà du cliché du « collier de nouilles » concocté sur les bancs de l’école, elle signifie plutôt tendres cadeaux offerts par les enfants à leur maman.
Entre vérités et impostures, la Fête des mères est héritière d’une tradition très patriarcale. Certes elle n’a pas été inventée par Philippe Pétain, mais elle lui doit d’être une journée nationale et de symboliser un pan iconique du « Travail, famille, patrie » dont son régime a fait sa devise.
Cette fête remonte en fait aux temps les plus anciens. Le culte antique aux déesses-mères date de la préhistoire. La trilogie naturaliste féminité-fécondité-maternité en est le fondement qui a évolué au fil du temps : avant-hier le culte marial, hier la mère prolifique, aujourd’hui la femme-mère. Une fête qui a ses partisanes et partisans comme ses opposantes et opposants.
Un hommage aux mères universelles
Depuis les temps préhistoriques jusqu’à l’Antiquité, le bassin méditerranéen et l’Occident européen rendent hommage à des mères universelles. Figures religieuses et mythologiques, ces représentations célèbrent les vertus de fécondité et de puissance tribale autour des mystères de l’engendrement. Chez les tribus du Paléolithique et du Néolithique, ce sont des mères au bassin imposant comme la Vénus de Willendorf. Avec l’écriture, ces déesses-mères sortent de l’anonymat. L’Anatolienne Cybèle est l’équivalent de Rhéa chez les Grecs, laquelle représente la mère des dieux. Lorsque les Romains adoptent Cybèle, ils la nomment Magna Mater.