Le vocabulaire de la nouveauté est inscrit dans l’ADN de la mouvance du développement personnel (DP). On y vante les percées « inédites » dans l’univers des connaissances scientifiques, réalisées grâce aux « dernières » techniques de l’imagerie cérébrale. On y fait état des découvertes « les plus récentes » sur le fonctionnement de l’inconscient, qui permettent « comme jamais auparavant » de se libérer des peurs du passé. On y développe de « nouvelles » techniques de communication avec soi ou avec autrui grâce auxquelles il est « désormais » possible d’éviter les conflits. On y évoque les redécouvertes de savoirs ancestraux « enfin » rendus accessibles et qui vont « révolutionner notre compréhension du monde ». En réalité, cette célébration du neuf est aussi vieille que le DP lui-même. Cette répétition de la nouveauté semble séduire un public important, ainsi qu’en témoignent chiffres de ventes et professionnels de l’édition. Comment comprendre l’attrait pour cette nouveauté ? Il faut refuser les interprétations faciles et moralisantes, consistant à considérer les lecteurs comme de braves écervelés, et/ou les auteurs comme de cyniques manipulateurs. Il serait erroné de décréter que ces productions n’inventent rien de neuf. Mais tout de même.
Retour à la méthode Coué ?
Si vous voulez avoir du succès dans le DP actuel, il vaut mieux parler « cerveau ». Le topos le plus tendance dans le DP aujourd’hui est de se référer aux découvertes des neurosciences, principalement pour « prouver » le pouvoir de la pensée sur notre corps. Notre cerveau devient une fascinante machine que l’on peut programmer ou entraîner pour éviter, par exemple, que des mauvaises représentations de la réalité ou des émotions négatives (« je suis foutu » ou « je suis nul ») deviennent des hypothèses autoréalisatrices, des causes de maladie somatiques, etc. C’est la raison pour laquelle la psychologie positive et les neurosciences cognitives se découvrent, dans le champ du DP notamment, de chatoyantes affinités, comme en témoigne la promotion grandissante de l’EMDR (psychothérapie s’appuyant sur des mouvements oculaires) et d’autres techniques proches.