Le nouveau visage de l'emploi

Si l’industrie a fortement décliné au profit du secteur tertiaire, que recouvre ce vaste secteur devenu hégémonique et qui regroupe trois emplois sur quatre ?

À deux pas de Paris, sur l’un des méandres de la Seine, se trouve l’île Seguin. Un îlot en forme de croissant de lune bien connu pour avoir été le siège des usines Billancourt-Renault, de 1929 à 1992, date de sa fermeture. Aujourd’hui, l’île Seguin est le siège d’un grand complexe musical et artistique.

Aux États-Unis, la ville de Détroit, ancien bastion de la construction automobile américaine (on l’appelait « Moto City ») a vu disparaître ses usines. La ville commence à renaître : les entrepreneurs de start-up s’installent dans les anciens locaux industriels désaffectés et en centre-ville, les boutiques de mode fleurissent.

L’île Seguin, Détroit : ces lieux emblématiques pourraient illustrer le phénomène majeur que sont le déclin de l’industrie et l’essor des activités tertiaires et qui a bouleversé le visage de l’emploi depuis trois décennies. D’un côté, la fin des usines et des ouvriers ; de l’autre, un secteur tertiaire qui regroupe désormais en Occident plus de trois emplois sur quatre. Mais que recouvre ce vaste secteur tertiaire, devenu si hégémonique ? C’est ce que nous allons voir.

La santé et le social…

En matière de services, le premier pourvoyeur d’emplois est celui de la santé et du social. En une génération, les dépenses de santé ont explosé dans tous les pays, au Nord comme au Sud de la planète. Et les emplois ont suivi. Les effectifs de médecins, de radiologues, d’infirmières, d’aides-soignants, de kinésithérapeutes, de pharmaciens, d’ambulanciers ont augmenté considérablement en une génération (en France, plus d’un million de personnes en plus depuis le début les années 1980), même s’il ne parvient pas à satisfaire une demande exponentielle. Dans les villes de province, grandes ou petites, l’hôpital est souvent le premier employeur : c’est le cas à Marseille comme à Auxerre. Ce personnel médical et paramédical forme le premier bataillon du tertiaire.