Si l’impact des maladies mentales dans la société est considérable, la psychiatrie est longtemps restée dans la recherche d’un modèle global explicatif qui regrouperait à la fois les causes et les traitements des troubles mentaux. Trois modèles s’affrontaient :
• La psychanalyse, née des travaux de Sigmund Freud, a apporté un ensemble théorique expliquant avec cohérence la plupart des troubles psychiques. Cependant, cette approche n’a pas transformé en pratique le traitement de nombre de ces troubles (schizophrénie, autisme…).
• La psychiatrie biologique, avec l’apparition des psychotropes (neuroleptiques et antidépresseurs notamment) qui ont permis d’améliorer réellement la vie de nombreux malades. Mais elle reste un échec en tant qu’explication des causes générales de ces maladies.
• Le modèle psychosociologique, en montrant l’influence du milieu dans l’apparition et l’entretien de ces maladies, a permis de changer l’attitude de la société et des soignants. Néanmoins, il ne peut dépasser le fait que certaines pathologies évoluent quelles que soient les conditions familiales ou sociétales.
L’apport des sciences cognitives
Depuis une vingtaine d’années, l’avènement des neurosciences cognitives offre un vrai renouvellement en intégrant trois champs disciplinaires en pleine expansion : les sciences du système nerveux, la psychologie cognitive et émotionnelle, et les nouvelles méthodes d’investigation du cerveau. Des relations ont pu être établies à plusieurs niveaux différents d’analyse (génétique, moléculaire, anatomique, cognitif et comportemental) dans un certain nombre de ces troubles.
Les résultats les plus probants ont été obtenus dans l’étude de la dépression. Au quotidien, les personnes souffrant de dépression se plaignent entre autres d’une humeur continuellement triste, d’une perte d’appétit et d’énergie, ainsi que de problèmes de concentration et de mémoire. Les avancées en neuropsychologie cognitive ont permis de mieux définir ces altérations de la mémoire. Dans le modèle établi par Endel Tulving en 1985, la mémoire épisodique (celle des événements uniques, associée à l’expérience subjective de l’événement) se distingue de la mémoire sémantique (celle des connaissances générales).