Le stress au travail

Urgence généralisée, nouveau management, contact avec le public… Les évolutions contemporaines ont, semble-t-il, pour point commun de favoriser le stress des salariés. La lutte contre ce fléau est en tout cas à l’ordre du jour

2008, année de lutte contre le stress au travail ? Plusieurs événements semblent en tout cas indiquer que les choses évoluent rapidement dans le domaine. En mars était remis au ministre du Travail Xavier Bertrand un rapport sur la mesure des « risques psychosociaux au travail », au premier rang desquels figure le stress. Le 27 juin, le même X. Bertrand annonçait aux partenaires sociaux le lancement d’une grande enquête nationale sur le stress au travail pilotée par l’Insee. Très récemment encore, syndicats et représentants du patronat sont parvenus, en un temps record, à rédiger un texte commun qui transcrit en droit français un accord-cadre européen sur la lutte contre le stress au travail datant de 2004.

 

Tendances « stressogènes »

Dans le domaine, propice au conflit, des conditions de travail, rares sont les causes qui font l’objet d’une telle unanimité. La situation est-elle si grave que cela ? Les initiatives précitées soulignent le manque de données statistiques fiables. Le chiffre qui revient le plus souvent est celui tiré de la quatrième enquête européenne sur les conditions de travail, qui montrait en 2007 qu’au sein de l’Union européenne, 22,3 % des salariés disaient souffrir de stress (1). On a par ailleurs tenté d’estimer le coût social du stress. Une étude estimait qu’en France, en 2000, l’absentéisme, les dépenses de santé et la mortalité précoce liés au stress représentaient une dépense comprise entre 830 et 1 656 millions d’euros, ces chiffres représentant l’estimation basse d’une réalité vraisemblablement bien supérieure. Mais il n’y avait visiblement pas besoin d’attendre les chiffres pour tirer la sonnette d’alarme.

Si de nombreux modèles scientifiques du stress ont été élaborés (à lire aussi - Les modèles du stress - lien ci-dessous), les acteurs sociaux en ont établi des définitions indigènes. Une des plus courantes, proposée par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail et reprise notamment dans l’accord entre syndicats et patronat, dit que « le stress est ressenti lorsqu’un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences ». À ce compte, on comprend combien les évolutions récentes du travail et des organisations ont pu nourrir un tel phénomène. Psychiatre et consultant, coauteur du rapport remis à X. Bertrand sur l’évaluation des risques psychosociaux, Patrick Légeron avait recensé quelques-unes de ces tendances « stressogènes » (2).

(1) Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, « IVe Enquête européenne sur les conditions de travail », Office des publications officielles des Communautés européennes, 2007.(2) P. Légeron, , Odile Jacob, 2001.(3) F. Hanique, « Les guichetiers de La Poste sont-ils stressés ? », M. Buscatto, M. Loriol et J.‑M. Weller (dir.), , Érès, 2008.(4) F. Sarfati, « L’expérience du stress, son cadre social et ses usages managériaux », M. Buscatto, M. Loriol et J.‑M. Weller (dir.),