Pendant des siècles, la description du développement de l’enfant reposait essentiellement sur ses manifestations motrices, posturales, langagières, qui échelonnaient les premières années de sa vie. En 1963, Robert Fantz, psychologue de l’enfant à CWR University (Cleveland) a révélé une nouvelle facette du nouveau-né. Face à deux ou plusieurs objets présentés, il montrait des préférences, au sens où il s’attardait plus longtemps sur certains que sur d’autres, et notamment sur les visages humains. Contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, le nouveau-né différencie ce qu’il voit.
Une méthode était née : « la technique de choix préférentiel ». Les scientifiques se sont alors engouffrés dans la brèche et ont révélé une quantité impressionnante de faits nouveaux.
On sait maintenant que les nourrissons voient, distinguent les unes des autres des formes géométriques et des objets. Non seulement le nourrisson différencie ce qu’il voit, mais il mémorise les informations. Lorsqu’on lui montre plusieurs fois de suite le même objet, son attention diminue. Par contre, si une nouvelle cible apparaît, son attention est à nouveau sollicitée. Et cette méthode, appelée habituation/réaction à la nouveauté, est applicable à toutes les modalités sensorielles ! Le décalage entre perception et motricité est alors devenu une évidence. Contraint par son immaturité motrice, et plusieurs mois avant qu’il puisse exercer ses actions sur l’environnement, le nourrisson l’explore par ses sens. La confiance des scientifiques dans les perceptions du nourrisson a été progressive. D’abord, on lui a montré des figures simples, en noir et blanc, surtout géométriques, puis des objets et enfin des événements.