Les élèves n’ont pas attendu le « plan numérique » du gouvernement lancé en 2015 pour convoquer les nouvelles technologies dans leurs pratiques scolaires. Avec succès ? Pas forcément ; tout dépendrait déjà de leur niveau scolaire, du sexe et de leur origine sociale. C’est ce que révèle la récente étude 1, centrée sur le travail hors classe et menée auprès de 1 600 élèves. Éclairage de Philippe Cottier qui a dirigé cette enquête.
À quoi ressemblent les pratiques numériques des lycéens ?
Ces élèves sont d’abord très bien équipés. 97 % ont accès à un ordinateur à la maison, ils surfent, envoient des textos, sont massivement présents sur les réseaux sociaux… Et la pression scolaire montant en vue du bac, ils mobilisent ces outils dans leur travail personnel pour réviser ou compléter un cours. C’est le premier constat de notre étude : les outils numériques sont utilisés pour des usages hybrides. Sur une même plage horaire, les adolescents peuvent envoyer un texto tout en faisant une recherche sur Wikipédia, en étant connectés au groupe classe sur Facebook et même faire des pauses « jeux » rapprochées pour certains… Mais s’ils sont majoritairement hyperconnectés, l’étude nous a montré aussi des usages très différents d’un élève à l’autre. Tous n’utilisent pas ces outils numériques pour l’école dans les mêmes proportions, de la même manière ou de façon simultanée en multitasking, et les bénéfices sont également très variables. C’est ce qui remet en cause l’idée de « digital native », selon laquelle les jeunes sont tombés dans la potion des ordinateurs étant petits et auraient un sens inné de leur utilisation. En fait, tous ne savent visiblement pas optimiser le numérique dans leur travail personnel. Autre constat : les espaces numériques de travail (ENT* 2) proposés par les établissements sont peu investis par les élèves, autrement que pour consulter leurs notes et vérifier les devoirs sur Pronote, récupérer ou déposer un document sur l’injonction d’un professeur. Il y a une rupture là où l’on aurait pu espérer une alliance entre les ressources pédagogiques et personnelles.