Comme nous, nos cousins les grands singes connaîtraient en milieu de vie une période de mal-être. En effet, une récente étude, menée conjointement par des chercheurs aux États-Unis, au Japon et en Grande-Bretagne, a montré que certains singes suivraient une courbe du bonheur en « U », similaire à la nôtre. Dans cette recherche, des soigneurs animaliers devaient évaluer à l’aide d’un questionnaire le degré de bien-être chez des chimpanzés et orangs-outans d’âges différents, soit au total plus de 500 grands singes aux quatre coins du monde. Selon les chercheurs, les singes sont « heureux » dans leur jeunesse, mais ce sentiment de bien-être diminue ensuite pour atteindre un creux en milieu de vie (autour de 30 ans) avant de remonter de nouveau jusqu’en fin de vie.
Cette courbe ressemblerait étrangement à celle des humains, où l’insouciance de la jeunesse et la sérénité du grand âge riment avec bonheur, tandis qu’autour des 35-50 ans, un passage à vide se ferait ressentir avec des moments de déprime et des remises en question. C’est lors de la quarantaine que l’on fera parfois le deuil de certains projets ou aspirations professionnelles, ou de désirs d’enfant. Les transformations physiques surviennent (perte des cheveux, premières rides…) et font prendre conscience du vieillissement.
D’après les conclusions de cette recherche, les grands singes, pourtant loin de toutes ces préoccupations, partageraient donc cette expérience avec nous. De quoi conforter les hypothèses biologiques qui évoquent notamment des changements structurels du cerveau avec l’âge comme cause probable de cette crise. La crise de la quarantaine serait-elle un héritage de nos ancêtres ?
Alexander Weiss et al., « Evidence for a midlife crisis in great apes consistent with the U-shape in human well-being », Pnas, 19 novembre 2012. www.pnas.org/content/early/2012/11/14/1212592109.abstract