Le point de départ de cette enquête historique est un fait divers. Par une nuit de février 1328, un groupe d’hommes armés pénètre à l’intérieur du château de Saint-Laurent-la-Roche, dans le Jura, s’empare du seigneur, Étienne de Saint-Dizier, le mène au château de son frère Guillaume, à Alièze où il est retenu prisonnier durant trois jours. Le quatrième, il est assassiné et son corps jeté dans le fossé d’un bois voisin où il sera retrouvé deux ans plus tard. L’enquête diligentée par le seigneur du défunt, Jean II de Châlon-Auxerre, conduira rapidement à soupçonner le frère et surtout la femme de la victime, Huguette de Sainte-Croix. Que cette victime soit noble, qu’elle ait été enlevée de nuit dans son espace domestique fait figure de circonstances aggravantes. Pour les historiens francs-comtois du XIXe siècle, la chose est entendue : Huguette de Sainte-Croix est un modèle de perfidie féminine, enjôleuse, traîtresse et cupide. Recourant à la physiognomonie, en vogue à l’époque, ils n’hésitent pas à compléter les sources disponibles par leurs propres projections, plus proches du roman que de la vérité historique. Projections largement empreintes de sexisme au demeurant, car les faits ne s’arrêtent pas là.
Meurtre au donjon
Meurtre au donjon . L’affaire Huguette de Sainte-Croix . Michelle Bubenicek, Puf, 2014, 246 p. 21 €.