Non, les inégalités ne sont pas irréductibles !

La France est l’un des pays d’Europe où l’origine sociale des élèves pèse le plus lourd dans leur réussite scolaire. Pour résorber les inégalités, c’est dès la petite enfance qu’il faut agir.

16633131580_INSTA-H.webp

Alors que nous sommes extrêmement sensibles aux inégalités sociales, nous tolérons les inégalités engendrées par le diplôme. Peu de gens se scandalisent du fait que les jeunes diplômés des filières les plus rentables de l’enseignement supérieur, à savoir les grandes écoles, gagnent en moyenne le double des jeunes quittant l’école sans diplôme. Encore faut-il que l’école apparaisse comme un univers où les qualités et les efforts des élèves sont justement récompensés. Pour que nous acceptions que le diplôme « paie », nous devons croire à la justice de l’école.

Les fortes inégalités sociales de réussite scolaire apparaissent alors comme un scandale, quand en France, en 2022, 68 % des enfants de cadres quittent l’école avec un diplôme de l’enseignement supérieur long contre 18 % chez les enfants d’ouvriers. Encore plus choquante peut-être, la précocité de ces inégalités, concernant les conditions de vie, les compétences langagières et, très vite, dès le début de la scolarité, les performances scolaires. Ces inégalités sont bien connues 1 et il n’est guère de réforme du système éducatif qui ne soit ouvertement justifiée par leur réduction.

D’autant plus que, d’après les enquêtes Pisa, les jeunes Français de 15 ans ont des performances qui dépendent davantage de leur origine sociale que dans la plupart des pays de l’OCDE, une situation stable au fil des enquêtes. Encore plus spécifique de l’école française, alors que nos meilleurs élèves caracolent en tête, il existe un noyau dur d’élèves faibles, majoritairement issus de milieu social défavorisé et particulièrement concentrés dans certains établissements. Ainsi, trois quarts des élèves scolarisés en Rep + – les zones les plus populaires – sont d’origine sociale défavorisée, contre 4 sur 10 dans les collèges publics hors éducation prioritaire, et un sur cinq dans les collèges privés sous contrat. Avec à la clé une concentration des difficultés des élèves : dès le cours préparatoire, des compétences aussi élémentaires que comprendre des mots à l’oral ou écrire des nombres entiers sont très inégalement maîtrisées selon que l’école relève de l’éducation prioritaire ou pas ou selon le profil social moyen du collège.