Nos cinq sexes

Nous avons tous cinq identités sexuelles : chromosomique, anatomique, 
hormonale, sociale et psychologique. La plupart du temps, 
celles-ci coïncident. Mais il arrive parfois qu’elles ne convergent pas, 
révélant ainsi des identités ambiguës ou hybrides.

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Je ne suis ni transsexuel ni hermaphrodite ni androgyne. Non, je suis un type ordinaire : sexe mâle, genre masculin, pratique hétéro. Et pourtant j’ai cinq sexes ! Oui : cinq. Vous aussi d’ailleurs. Nous avons tous cinq sexes. Nous possédons un sexe génétique (XX ou XY), un sexe anatomique (pénis ou vagin), un sexe hormonal (testostérone ou progestérone), un sexe social ou « genre » (homme ou femme) et un sexe psychologique (masculin ou féminin). Comme, en général, ces sexes coïncident et se superposent, nous ne nous rendons pas compte de cette diversité, nous avons l’impression de n’en avoir qu’un seul.

Mais quand on examine comment se construit l’identité sexuelle par étapes successives et que se produisent au passage certaines anomalies ou étrangetés, on découvre alors que la construction des sexes n’est pas un destin aussi figé qu’on le croit. La détermination sexuelle est même riche de possibilités et de variations dans ses expressions physiques, sociales et psychologiques. Voyons cela de plus près.

 

1. Le sexe génétique

Notre premier sexe est génétique. Chaque individu possède 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels. Chez les filles, cette paire est identique (XX), pour les garçons, l’un des chromosomes diffère : le chromosome Y. Cette première distinction entre filles (XX) et garçons (XY) se produit dès la première seconde de vie.

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En règle générale, ce sexe génétique commande le sexe anatomique (pénis ou vagin). Mais il peut parfois se produire un phénomène génétique rare : la translocation. Lors de la division cellulaire, un fragment de l’un des chromosomes X ou Y vient se loger sur l’autre. Cela conduit à la formation d’un sexe masculin (testicules et pénis) sur le corps d’un individu génétiquement féminin (ou inversement). Les conséquences sont paradoxalement invisibles : c’est au hasard d’une analyse génétique que l’on découvre que ce jeune homme est génétiquement une fille ou que cette belle jeune fille est génétiquement un garçon ! Sexe génétique et sexe anatomique ne coïncident donc pas toujours…

Dans d’autres cas rares, un seul chromosome sexuel X est présent au lieu de deux (XX ou XY) : c’est le syndrome de Turner. Les filles qui en sont atteintes sont de très petite taille et stériles. Dans certains cas, un chromosome sexuel supplémentaire vient se surajouter donnant lieu à une formule XXY appelée syndrome de Klinefelter : cela donne des hommes stériles, grands et longilignes. Dans le cas XYY, appelé syndrome 47, il n’y a pas d’incidence apparente sur la morphologie, ni même sur la fertilité : les syndromes 47 peuvent même rester toute leur vie dans l’ignorance.

Durant les premières semaines de la vie embryonnaire, garçons et filles ne se distinguent pas anatomiquement. Puis, à partir de la cinquième semaine, les cellules sexuelles (ou gonades) vont se différencier en testicules et pénis pour les garçons, en ovaires et vagin pour les filles. Mais des anomalies surviennent parfois à ce stade. Il arrive que le vagin et le pénis se développent en même temps ; on parle alors d’« hermaphrodisme ». Les hermaphrodites – terme que l’on tend à remplacer par celui d’« intersexe » – possèdent donc deux sexes différents. Dans l’hermaphrodisme « vrai », les deux sexes féminin et masculin sont pleinement développés.