Pour le sociologue allemand Norbert Elias (1897-1990), les sociétés contemporaines seraient le fruit d’un long processus de civilisation qui aurait abouti à la maîtrise croissante des pulsions, et donc un déclin de la violence. La thèse de N. Elias a trouvé une large audience dans le monde des sciences sociales. Chiffres, enquêtes, recherches à l’appui, sociologues, anthropologues, historiens démontrent que la violence a constamment diminué au cours de l’histoire et qu’elle continue de diminuer aujourd’hui. L’historien Robert Muchembled, dans Une histoire de la violence (Seuil, 2008), montrait par exemple que la violence juvénile, les bagarres au couteau aboutissant à des meurtres, les viols collectifs étaient monnaie courante du Moyen Âge au XVIIIe siècle. C’est à partir du siècle des Lumières que se sont mis en place des mécanismes visant à encadrer les pulsions violentes jusqu’à ce que la violence sanguinaire entre individus devienne, à la fin du XXe siècle, un « tabou absolu ».
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Violence : les paradoxes d'un monde pacifié
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