Peut-on apprendre à apprendre ?

La métacognition est l’art d’apprendre à apprendre. Des programmes de remédiation cognitive aux conseils pédagogiques en passant par l’art d’exercer sa mémoire, tour d’horizon.

1. Qu’est ce que la métacognition ?

Vous avez décidé de vous remettre à l’anglais ou d’apprendre l’italien. Pour cela vous préférez vous inscrire à un cours collectif plutôt que travailler seul chez vous. Deux raisons vous poussent à privilégier cette démarche : d’une part, la méthode du dialogue en situation vous semble plus efficace que l’approche livresque trop abstraite. D’autre part, en vous inscrivant à un cours collectif, vous vous imposez une discipline que nous n’êtes pas sûr de suivre en étant seul. Comme M. Jourdain faisait de la prose, vous faites de la métacognition sans le savoir.

La métacognition, dans sa définition la plus générale, est la « connaissance que l’on a de ses propres processus cognitifs » selon la définition canonique du psychologue John Flavell (1976), l’un des pionniers des recherches sur le sujet (1). Nous faisons de la métacognition donc quand nous cherchons une bonne méthode d’apprentissage. La métacognition est donc un terme complexe qui désigne une idée simple : apprendre à apprendre.

Les études sur la métacognition ont connu un essor important dans le domaine de l’éducation et des sciences cognitives ces vingt dernières années. Pour simplifier, on peut distinguer deux grandes approches de la métacognition en éducation.

l Il y a tout d’abord les méthodes de « remédiation cognitive » ou « d’éducabilité cognitive ». Elles visent à amé­liorer les capacités cognitives de personnes ayant des troubles acquis (comme par exemple des troubles de l’attention). Ces méthodes consistent généralement à faire exécuter des exercices destinés à stimuler des fonctions déficitaires ou mal adaptées, un peu sur le principe de la rééducation physique.

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l L’autre approche de la métacognition est plus pragmatique : elle vise plus à enseigner aux élèves et étudiants de bonnes méthodes de travail – prise de notes efficace, gestion du temps, lutte contre le stress avant les examens, etc.

Enfin, la notion de « métacognition » tend à désigner aujourd’hui dans les sciences cognitives toutes les formes de connaissance réflexives qu’un individu a de lui-même ou de ses propres processus mentaux. Par exemple, lorsque vous apprenez à conduire une voiture et à passer les vitesses, vous devez d’abord vous concentrer sur les consignes (« première vitesse en haut et à droite ») puis répéter mentalement le mouvement avant de l’exécuter. Ces processus mentaux de visualisation, de concentration et de contrôle conscient de ses mouvements sollicitent le lobe frontal. Tous ces processus cognitifs complexes (attention, self-control, réflexion, visualisation mentale) relèvent de la métacognition. En bref, pour apprendre à exécuter une tâche complexe, vous devez vous concentrer sur ce que vous faites et sur la manière de le faire : ce n’est qu’avec l’exercice que le passage de vitesse devient un processus mental automatisé n’exigeant plus de contrôle réflexif. Cela vaut pour l’apprentissage de la conduite, de la lecture ou de la maîtrise d’un clavier d’ordinateur.

2. Peut-on rééduquer l’intelligence ?

Peut-on apprendre à un élève en difficulté, ou qui souffre d’un déficit intellectuel, à « mieux penser » et acquérir des stratégies mentales qui vont lui permettre d’apprendre, de comprendre, d’accéder à l’appréhension de problèmes auquel il n’avait pas accès jusque-là ?

Oui, répond Reuven Feuerstein, un pédagogue israélien qui a mis au point une méthode : le programme d’enrichissement instrumental (PEI), destiné au départ à venir en aide aux élèves en difficulté.