Pourquoi les crises sont contagieuses

Comment le déficit excessif du petit État grec a-t-il pu plonger l’ensemble des économies européennes dans la récession ?

La crise financière qui s’est déclenchée aux États-Unis, à l’automne 2008, ne concernait au départ que le marché des crédits immobiliers à risque, les fameux subprimes. Elle s’est rapidement transformée en crise de la finance mondiale. Quant à la crise de la dette publique grecque, qui apparaît en octobre 2009, elle a contaminé toute la zone euro. Si les crises financières ne se ressemblent pas toujours, toutes, à des degrés divers, sont contagieuses. Revenons d’abord, pour l’illustrer, sur la crise de la dette publique grecque.

La crise de l’endettement souverain grec démarre peu après les élections d’octobre 2009. Le nouveau ministre des Finances grec annonce une révision des chiffres du déficit budgétaire. Contre les 3,7 % prévus en début d’année, il s’attend à un déficit de 12,5 % du PIB. Cette donnée sera révisée à plusieurs reprises avant d’atteindre le niveau record de 15,5 %. C’est le point de départ de la crise de l’endettement souverain en Europe. Les investisseurs internationaux craignent de ne pas obtenir le remboursement de leurs créances. Les marchés financiers exigent donc des primes de risques prohibitives pour continuer à acheter de la dette grecque. Les agences de notation contribuent à entretenir la panique en dégradant la note de la Grèce, mais aussi celles de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie.

Du coup, de nombreuses banques qui détenaient ces titres, le plus souvent pour le compte des épargnants (par exemple, en France, dans le cadre des placements de type assurance-vie), ont été fragilisées à leur tour et ont dû réagir. Beaucoup se sont débarrassées de ces actifs. D’autres ont augmenté leurs fonds propres, autrement dit leurs réserves de précaution, afin de pouvoir supporter un éventuel défaut de la Grèce et du Portugal. La fragilité des banques s’est ainsi dévoilée et la défiance s’est emparée des marchés monétaires, là où se réalisent les échanges interbancaires de liquidités, suscitant une tension sur les taux, voire un tarissement des échanges.

À partir de l’automne 2009, les phases de crise intense qui se sont succédé ont répondu à la crainte d’un défaut de paiement de la Grèce, notamment au printemps 2010 et en août-septembre 2011.

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Les tergiversations des États

Disons-le, il appartenait aux organes dirigeants de la zone euro de faire face à la crise. Mais ils l’ont fait au terme d’interminables atermoiements. Tel fut le cas de la Banque centrale européenne (BCE) en adaptant de façon pragmatique sa doctrine et en rachetant ponctuellement de la dette grecque sur le marché secondaire (sorte de marché d’occasion des titres d’États). Cette politique a été retenue non seulement pour éviter un défaut non maîtrisé sur la dette grecque, mais aussi pour prévenir l’effondrement de son prix, face à la spéculation internationale.