Le cognitivisme, né dans les années 1950-1960, cherche à comprendre la pensée. Il s’est donné pour objectif de découvrir les mécanismes mentaux de traitement de l’information et les représentations mentales (associations ou autres) à la base de nos comportements.
Les psychologues de la cognition analysent les activités cognitives dans le cadre de la théorie du traitement de l’information, considérant que notre système cognitif est un système de traitement de l’information qui accomplit une tâche en mettant en œuvre une suite de mécanismes (ou de traitements) qu’il convient de découvrir.
Les psychologues cognitivistes considèrent, à partir des données expérimentales accumulées au cours de ces quarante dernières années, que notre système cognitif comprend plusieurs composants ou systèmes.
La reconnaissance des formes
Tous les jours, sans que nous nous en rendions compte, notre cerveau reconnaît les objets qui l’entourent. Il reconnaît également de nombreuses autres formes (des visages, des lettres, des nombres). Ceci peut paraître une activité banale (elle est même parfois appelée une activité cognitive de bas niveau). En réalité, il n’en est rien. Nous devons mettre en œuvre de nombreux mécanismes pour reconnaître des formes. Certains patients victimes d’accidents cérébraux deviennent parfois incapables de reconnaître même les objets les plus familiers (par exemple, le psychologue montre à un patient une paire de lunettes, le patient croit reconnaître une cafetière électrique). Ce ne sont pas toujours les mêmes mécanismes qui sont détériorés.
Il existe deux grandes familles de théories sur la reconnaissance des formes. Selon les modèles dits « par appariement direct », lorsqu’une forme est perçue, plusieurs patrons sont activés en mémoire : celui qui ressemble le plus à la forme perçue sera sélectionné et reconnu. Cette approche suppose que pour reconnaître une forme, nous devons l’avoir stockée en mémoire. Or, il est impossible de stocker, par exemple, toutes les formes de table possibles et imaginables. Pourtant, notre système peut très bien reconnaître une table qu’il n’a encore jamais rencontrée. S’il est possible que nous reconnaissions, dans certaines situations, des formes par appariement direct, nous mettons en œuvre, dans d’autres situations, d’autres types de mécanismes. C’est ce que postulent les modèles dits « décompositionnels » : dans ce cas, pour reconnaître une forme, nous la décomposons en unités ou traits élémentaires, assemblés en différentes configurations. Par exemple, la lettre B est constituée d’une barre verticale, et de deux traits arrondis ou demi-cercles. Les modèles décompositionnels postulent que, pour reconnaître une forme, nous extrayons ces traits élémentaires (que nous reconnaissons à partir des unités stockées en mémoire) et les recombinons en une forme que nous pouvons alors reconnaître.
Notons que, même si notre système cognitif décompose une forme en unités élémentaires, la reconnaissance des formes ne s’appuie pas que sur ces mécanismes dits « bottom-up » (c’est-à-dire automatiques) de segmentation, décomposition et recombinaison. Elle peut également être influencée par des mécanismes dits « top-down » (ou contrôlés), comme ceux s’appuyant sur le contexte. C’est ce qui nous arrive parfois lorsque nous ne reconnaissons pas quelqu’un que nous connaissons bien mais que nous rencontrons dans un contexte totalement différent de celui où nous avons l’habitude de le voir.
L’attention
L’attention remplit plusieurs fonctions. Elle nous permet de nous préparer à accomplir une tâche (attention préparatoire), de sélectionner l’information pertinente pour une tâche à accomplir (attention sélective), ou bien encore de rester concentré (attention soutenue). Par ailleurs, l’attention nous permet d’alterner entre différents traitements ou différentes informations (ce que nous appelons la flexibilité attentionnelle). Enfin, l’attention nous donne la possibilité de traiter en parallèle plusieurs sources d’information (attention partagée). L’origine de l’attention peut être endogène (c’est l’individu qui gère ses ressources attentionnelles et ce à quoi il prête attention), ou exogène (l’environnement contrôle l’attention).
Pour étudier les mécanismes impliqués dans chacune des fonctions de l’attention, les psychologues ont mis au point des techniques spécifiques. Par exemple, l’attention sélective est étudiée avec la tâche de Stroop : les participants voient des noms de couleur écrits à l’encre dont la couleur est la même que celle du nom (« bleu » écrit en bleu) ou différente (« bleu » écrit en rouge). Il est plus facile de nommer la couleur de l’encre dans le premier cas. Dans le second, on doit d’abord inhiber la tendance à lire le nom de la couleur, pour se focaliser sur la dénomination de la couleur, ce qui allonge le temps de réponse.
La mémoire
Il n’existe pas une seule mémoire. Le système cognitif abrite plusieurs systèmes mnésiques qui se distinguent par leur durée et leurs capacités.
La mémoire de travail (MDT) - La MDT est celle que nous utilisons lorsque nous cherchons à stocker et traiter temporairement et brièvement une information (comme trouver un numéro de téléphone, s’en souvenir puis le composer). La MDT est donc un registre de mémoire où sont stockées et traitées des informations pendant une courte durée (moins de 15 secondes). Elle a une capacité limitée (7 éléments + ou - 2). Les éléments d’une liste à mémoriser en MDT sont mieux rappelés lorsqu’ils se trouvent au début de la liste (effets dits de primauté) ou en fin de liste (effets dits de récence).