Qu'est-ce qu'un trouble mental ?

Depuis l’Antiquité, les médecins s’ingénient à nommer, répertorier, expliquer, prendre en charge les troubles mentaux. Et ils ne sont pas au bout de leurs peines…

On disait naguère « folie », « démence », ou encore « aliénation ». On parle aujourd’hui de « maladies mentales ». Autant de mots qui couvrent une réalité multiple, dans laquelle on a rangé toute une classe de troubles divers : de l’arriéré mental qui fait figure d’« idiot du village » au délirant qui se prend pour le Christ, du criminel psychopathe au dépressif, de l’irascible « fou furieux » à l’autiste qui vit replié sur soi, de la démence sénile aux troubles obsessionnels…

 

Histoire de classification

Décrire et classer les maladies mentales est une préoccupation des médecins depuis l’Antiquité. Cette histoire de classification peut être décrite en quatre grandes périodes.

Dès l’Antiquité, Hippocrate et Claude Galien, les pères de la médecine, s'attachent à décrire certains troubles comme la manie, l’épilepsie, l’anoia (qui deviendra la démence), l’hystérie, ou la mélancolie dont on suppose qu’elle est causée par la « bile noire ». Cette classification restera la référence jusqu’à l’âge des Lumières.

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À l’époque de la psychiatrie naissante, avec Philippe Pinel (1745-1826) et Jean-Étienne Esquirol (1772-1840), on regroupe les aliénés en quatre catégories : maniaques, mélancoliques, idiots et déments. D’autres classifications ont cours. Le médecin Joseph Daquin (1732-1815) publie une Philosophie de la folie ou Essai philosophique sur les personnes attaquées de folie, dans laquelle il classe les aliénés en différents groupes selon les soins à leur apporter : les fous furieux (ou « fous à lier »), les fous tranquilles (à enfermer sans les attacher), les extravagants (à surveiller constamment), les insensés (à conduire comme des enfants) et les fous en démence (ayant besoin de soins physiques).