Que nous apprennent les troubles du langage ?

Lire un texte, exprimer une idée ou écrire un courriel sont autant d’activités langagières que nous réalisons au quotidien. Un trouble langagier peut perturber ces activités en survenant à n'importe quel âge de la vie, qu’il s’agisse de dysphasie ou la dyslexie chez l'enfant ou d’aphasie apparue à l’âge adulte. Ces troubles du langage d’origine neurologique se manifestent par des altérations du langage plus ou moins sévères. Ces inca­pacités peuvent affecter l’expression linguis­tique dans sa globalité ou s’exprimer par des perturbations plus sélectives, telles que l’accès au mot (l’aphasie anomique) ou des difficultés d’encodage de la grammaire (agrammatisme). Le trouble peut n’altérer que l’expression tout en laissant la compréhension préservée, ou à l’inverse, affecter la compréhension avec une expression préservée. Les déficits peuvent enfin concerner spécifiquement soit le langage oral, soit le langage écrit. Comment l’étude des troubles du langage peut-elle nous éclairer sur les fondements du langage lui-même ?

À la base, la démarche du psycholinguiste s’appuie sur le relevé des erreurs « ordinaires », comme certains lapsus du type « Mange ta fourchette » pour « Mange tes pâtes ». Ce peuvent être aussi des erreurs « extraordinaires » liées à une pathologie neurologique, comme pour ce patient aphasique qui dit « Jambe raide bois pareil » pour « Ma jambe est raide comme du bois ». Lorsque l’on s’intéresse aux dysfonctionnements langagiers, la notion d’erreur est importante 1 : elle est un indice permettant d’induire les capacités psycholinguistiques devenues déficitaires. Les méthodes et concepts développés en sciences du langage permettent de décrire ces erreurs en termes d’organisation phonétique, de phonologique, de prosodie, de lexique, de morphosyntaxique ou de pragmatique : les données sont donc éclairées par la théorie (et inversement).