Nous attendons énormément de l’école. À vrai dire, il est même assez difficile de trouver un problème, un enjeu de société, dans lequel l’école n’aurait pas un rôle à jouer.
Face au chômage persistant et aux difficultés d’insertion professionnelle des jeunes, nous attendons évidemment de l’école qu’elle forme chaque jeune à un métier. Nos difficultés à prédire les métiers de demain et à y former n’y changent rien. Au contraire, nous attendons toujours plus de l’école, qui devrait désormais éviter de spécialiser les élèves trop tôt, élever le niveau général, développer l’autonomie, la créativité et les compétences numériques.
Former des professionnels certes, mais aussi des citoyens éclairés. Particulièrement en France, l’école est perçue comme un véritable pilier de la construction nationale. Ses enseignements sont conçus pour transmettre la culture et l’histoire, mais aussi sensibiliser chaque jeune aux enjeux citoyens tels que le développement durable ou la lutte contre les discriminations. L’école étant également perçue comme un socle de la cohésion nationale et du vivre-ensemble, il est impératif qu’elle garantisse la mixité au sein de ses établissements et de ses classes, et sous toutes ses formes évidemment (genre, niveau scolaire, origine sociale et migratoire, inclusion des personnes en situation de handicap…).
L’école est aussi au premier rang de la lutte contre les inégalités sociales et leur reproduction : elle doit garantir que la réussite scolaire de chaque élève n’est liée qu’à son mérite individuel, mais en aucune façon à des caractéristiques telles que son genre, son origine ou son environnement social. Ainsi, c’est le contrat social lui-même que la nation a confié historiquement à l’école, en lui demandant de répartir les positions sociales par le mérite scolaire pour éviter d’avoir à le faire par la naissance.
Mais l’école doit aussi permettre aux enfants et adolescents dont elle a la charge de s’y épanouir, d’y développer leur personnalité sans être pressurés en permanence par l’enjeu de la réussite et de leur future insertion professionnelle. Les jeunes Français se sentent peu chez eux à l’école par rapport aux autres pays selon l’étude Pisa, et le mal-être des adultes qui caractérise notre pays trouve vraisemblablement une grande partie de son explication dans le fonctionnement de notre école 1. Garantir un climat scolaire apaisé et promouvoir le bien-être et l’épanouissement des jeunes n’est-il pas encore une autre des priorités de l’école ?
Des priorités à choisir
Formation et insertion professionnelle, cohésion sociale, formation du citoyen, transmission des savoirs et de la culture, bien-être et épanouissement, développement de la personnalité, lutte contre les inégalités sociales : nous projetons sur l’école toutes les difficultés que notre société rencontre. Chaque nouveau problème nous amène à vouloir y préparer nos jeunes dès leur plus jeune âge, à confier aux enseignants une nouvelle mission. Nos responsables politiques nationaux y sont d’autant plus enclins que l’école reste l’un des domaines sur lequel l’échelon national a toujours – au moins en théorie – le pouvoir, alors qu’ils apparaissent de moins en moins en mesure d’influer sur d’autres domaines (économique par exemple).