L’artisanat, première entreprise de France ? Loin de l’image d’un secteur décimé par l’industrie, l’artisanat serait dynamique, producteur de richesse et créateur d’emplois. La salarisation de l’emploi n’aurait pas eu raison de ces petits indépendants (maçons, bouchers, cordonniers…) toujours plus nombreux d’après les chiffres officiels : en 2014, on aurait dépassé un million d’entreprises artisanales, soit une entreprise sur trois dans le secteur marchand français. Mais que sait-on aujourd’hui des artisans ? D’où viennent-ils socialement et quel cheminement professionnel ont-ils suivi avant d’accéder à ce statut ? Quelle organisation du travail au sein des ateliers ?
Devenir son propre patron
Si l’artisanat constituait une filière de promotion ouvrière jusqu’aux années 1980 1, force est de constater que les voies d’accès au statut d’artisan se sont diversifiées. « Devenir son propre patron » reste le projet d’ouvriers de l’artisanat qui débutent un apprentissage en alternance, cumulent de l’expérience professionnelle en tant qu’ouvrier qualifié puis se mettent à leur compte. Ces hommes 2 de métier, souvent d’origine populaire, s’installent fréquemment dans leur commune d’origine, grâce au soutien de leur conjoint et en s’appuyant sur leurs réseaux professionnels. Or, des individus non initialement socialisés dans le secteur des métiers accèdent aussi au statut d’artisan. Ils s’y orientent après une première formation et/ou expérience professionnelle dans un autre secteur. Étudiants sortis de l’université qui reprennent une formation artisanale ou cadres qui rachètent une entreprise artisanale, ces reconvertis, moins souvent d’origine populaire, mobilisent, au service de leur installation, des capitaux et des compétences qu’ils ont acquis à l’extérieur.