Qu’appelez-vous la simplexité ?
Un principe fondamental du vivant qui a permis aux organismes, au cours de l’évolution, de mettre au point des processus ou des solutions efficaces pour résoudre des problèmes complexes dans un monde qui l’est tout autant, et pour percevoir et agir rapidement, critère fondamental de la survie. Nous découvrons tous les jours la multiplicité de ces mécanismes biologiques aussi bien au niveau des gènes que dans les comportements les plus intégrés. Par exemple pour éviter un projectile qui se rapproche de nous, le cerveau ne calcule pas des distances, il fait le rapport entre la surface de l’objet et sa dilatation dans le champ visuel, ce qui donne directement le temps jusqu’au contact. Pour courir, sauter, s’affranchir du sol, l’évolution a mis au point des capteurs dans l’oreille interne, le système vestibulaire, qui permettent aux animaux de connaître à tout moment le mouvement de la tête dans l’espace en utilisant la gravité comme référence, et de contrôler la locomotion ou le vol sans prendre référence au sol, ce qui aurait été la solution « simple ». Dans la relation avec autrui et la perception des émotions, l’évolution a choisi de spécialiser plusieurs voies visuelles pour percevoir séparément la couleur, la forme, le mouvement, la valeur émotive, l’identité, etc. Notre cerveau travaille avec des géométries non euclidiennes, qui sont apparemment plus complexes mais qui en réalité simplifient considérablement notre orientation dans l’espace, la mémoire de nos trajets… Cette apparente complexité permet en réalité une grande efficacité et une grande économie de « computation ». Nous avons aussi un « double » de nous-mêmes dans notre cerveau, avec lequel nous pouvons simuler le monde et nos actions (comme dans le rêve).